Navigation sous spi !

Le départ pour St Martin a lieu à 5h30 du matin. Le bateau s’éloigne de Barbuda avec les premières lueurs du jour. Nous avons un vent assez faible derrière nous. Comme à son habitude, lorsque nous sommes au portant (vent arrière) et que la force du vent est faible, le capitaine a envie de sortir le SPI. Cette envie, il l’a depuis l’achat du bateau sans avoir pu l’assouvir jusqu’à aujourd’hui! Le Spi est une grande voile légère (environ 120m²) que l’on installe à l’avant du bateau sous certaines conditions. Capable d’augmenter singulièrement la vitesse du bateau, elle accroît aussi sa stabilité aux allures de grand largue. Il est rare de trouver des bateaux dans la caraibe équipés d’une telle voile qu’on a l’occasion de sortir que très rarement. De plus, en équipage réduit, il faut un peu de hardiesse et une bonne organisation pour que la manœuvre se passe avec succès. C’est pourquoi par manque d’expérience, elle n’est presque jamais utilisée. Sur le black Pearl, il y en avait 2, ça a été une des raisons pour laquelle, j’avais fortement penché pour l’achat de celui-ci.

Aujourd’hui, nous avons donc une occasion rêvée ! ! ! Une réunion au sommet est lancée pour répondre à la question : spi ou pas spi… Coraline, qui aime faire plaisir à son capitaine, voit bien que j’en crève d’envie. Sentant, qu’une réponse négative me procurerait encore une énorme frustration, elle me dit : « Bon alors Cap’tain on l’envoie ce spi ? ».

La préparation et l’envoi du spi prennent un peu de temps car c’est très méthodique. Le Cap’tain organise donc un briefing afin de déterminer le rôle de chacun avec l’aide précieuse  du magazine  « Voile et voilier – « 1er envoie de Spi » – « envoyer un spi en solitaire » ». Mettre cette voile à 2 n’est pas forcément évident surtout que c’est une grande première à bord !!! Pour simplifier la manœuvre, on enroule le génois afin de ne pas être gêné dans l’envoi du Spi. Celui-ci est tenu par trois points: la drisse qui permet de le hisser, le bras et l’écoute qui sont les bouts qui retiennent la partie basse. Je m’occupe de la drisse et Coraline s’occupe de l’écoute. La manœuvre doit être rapide pour éviter que le Spi ne se gonfle avant d’arriver en tête.

Une fois le top départ donné, plus aucune marche arrière n’est possible. Si un problème arrive, il faut continuer la manœuvre et ce rapidement!  C’est parti, je hisse, le spi commence à monter. Malheureusement, le spi ne monte pas assez vite et se gonfle en court de route… (Ce qu’il fallait éviter, en laissant plus de mou au niveau de l’écoute et du bras). Il faut donc terminer au winch avec la manivelle; peu évident avec la force du vent qui s’engouffre dans la voile. Dans le stress et le speed, je demande à Coraline un peu de mou sur l’écoute. Ce n’est pas suffisant et en demande plus car je peine au winch. Mais la force du spi est telle que le bout ne peut plus être retenu par le winch et la force de Coraline. Il file donc à toute vitesse entre ses mains. Par réflexe, elle essaye de le retenir, puis lâche tout d’un coup, suite à une douloureuse sensation…. Résultat: une jolie brulure ensanglantée sur le bout des doigts de la jolie jeune mousse… Les gants n’ont pas suffi à la protéger… Coraline courageusement prend sur elle puisque la manœuvre, enclenchée, il faut continuer rapidement: « ça va, ça va! ». Elle résiste de façon impressionnante à la douleur… Car Coraline c’est pas une chiquette mais une dure à cuire… A priori c’est tout de même, une bonne brulure, je m’affole un peu, mais elle me dit résolue « c’est bon on continue ». Elle remet le bout à sa place et je me remets à hisser…. Plus de mal que de peur!… Le spi est finalement monté, je suis en nage. Coraline serre les dents. Elle descend prendre la trousse de secours et met un gros coup de biafine pour calmer la douleur. Courageuse la mousse, le capitaine est un peu dépité de voir sa miss mousse dans cet état…

Il faut cependant régler le spi et faire avancer le bateau, car la route est longue pour St Martin… Nous avançons à une très bonne vitesse vu le vent. Un concours de vitesse est alors lancé entre les 2 barreurs. Coraline prend une avance à 8 nœuds, le capitaine passe entité devant à 8,3 nœuds. Au final la vitesse de pointe du jour est de 8,5 nœuds, mais le mystère règne jusqu’à aujourd’hui sur la personne qui aurait réalisé l’exploit…. Pas de gagnant cette fois-ci !!!

Nous arrivons à St Barth un peu en avance sur le timing. Un dauphin solitaire nous accueille. Le lendemain nous aurons 2 heures de voile pour rejoindre St Martin. Nous sommes donc bien en avance pour nos RDV avec nos différents invités ! ! ! !

 

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