Un petit retour sur les Gambier, et les belles sessions de kite que nous avons eues. Nous avons fait 3 parties, voici la première!
kite in Gambier -1/3 from coraline trintignac on Vimeo.
Un petit retour sur les Gambier, et les belles sessions de kite que nous avons eues. Nous avons fait 3 parties, voici la première!
kite in Gambier -1/3 from coraline trintignac on Vimeo.
On profite d’une bonne connexion internet pour vous passez encore quelques films des Gambier….
Voici comment nous avons occupé nombreuses de nos journées sans vent dans ce petit paradis….
Dreamfirst – BBQ snorkeling peche -Tauna – Gambier from coraline trintignac on Vimeo.
Nanard, c’est moi! Je suis un bernard l’Hermite ou « Hermit Crab » comme ils disent les américains! C’est quand même bizarre de nous avoir surnommé Bernard l’Hermite en français… Est ce qu’il y a déjà eu un certain Bernard dans l’histoire française qui était un Hermite? Toujours est-il que nous sommes connus comme des voleurs de coquilles…. Et à vrai dire ce n’est pas complètement faux! Mais en principe, les coquilles qu’on choisit ne sont plus habitées! Sur la plage, il n’y a souvent que l’embarras du choix….
Aux Gambier, on trouve les nanard orange (comme moi) et les super nanard noir! Autant vous dire qu’aucun des nanard orange n’ose défier les supers nanard!!! Si tu voyais leur pince… Sans oublier leur agressivité!!!
Un Nanard tout nu ça ressemble à ça! Pas de quoi se moquer! On est très pudique et on déteste rester à poil! Alors voilà, le choix de la coquille c’est très important….
La grande mode, actuellement, ce sont les bouchons vert. Lorsque t’en trouve un, t’as vraiment la classe! Tous les autres sont jaloux! Mais comme on dit les goûts et les couleurs ça ne se discutent pas…Alors à chacun sa coquille….
Par contre, il faut reconnaître que certains d’entre nous ont perdu la notion de leur corps… Ils croient encore avoir leur taille de jeune, et n’ont du coup pas du tout la coquille adaptée… Trop petite, ils n’arrivent pas à rentrer à l’intérieur pour se protéger d’un éventuel prédateur!
La journée, on n’aime pas du tout la chaleur… il nous faut nous planquer à l’ombre… On peut dire que ce n’est pas la grande activité, on se repose avant la nuit venue.
Quelque fois, on se retrouve au QG, entre les racines d’un vacoa!
Mais arrive alors notre pire ennemi!!!! Celui qui n’a aucune pitié pour nous!!! Il se sert de nous, VIVANT, pour pêcher le po nio nio ou tamure (un poisson du lagon)…
Imagine: tout d’abord il nous cueille au QG, puis il tente de nous sortir tant bien que mal de notre coquille… J’ai déjà vu des copains y laisser une patte au passage! Le pire, c’est qu’en tirant trop fort, la moitié de notre corps reste parfois à l’intérieur de la coquille… Une mort lente et douloureuse nous attend alors…
Quand tu as eu la chance d’être sorti entier, il nous perfore et nous laisse pendouiller au bout d’un hameçon… Commence alors le yo-yo.. Tu descends en apnée à quelques 10-13m de profondeur…. Tu t’agrippes comme tu peux… Coup de pince pour se défendre des po nio nio.. Et là, hop on te remonte 13m plus haut… Tu reprends ta respiration un bon coup et tu redescends…. Moi qui aie le vertige, j’en aurais des hauts le cœur! De nouveau au fond, tu continues ta lutte jusqu’à ce que la fatigue se fasse ressentir… C’est à ce moment que tu signes ton arrêt de mort…. D’un seul coup, tu te fais gober par le po nio nio ! Tu parles d’une fin!
Mais moi!!! J’ai échappé à tout ça…..
J’ai embarqué clandestinement sur le Black Pearl. Après 7 jours de mer, nous sommes arrivés dans une nouvelle contrée! Heureusement, je n’ai pas eu le mal de mer…. J’ai montré le bout de ma coquille en arrivant… Il faut dire que j’étais affamé….. Si je ne me trompe pas, il n’y a pas de ponio nio par ici, l’équipage devrait donc bien être obligé de me relâcher…. La question reste, y’a t il des narnard par ici????
Me voilà donc à la recherche d’une Bernadette sur ces terres inconnues!
L’Aranui est un grand bateau qui approvisionne les Marquises toutes les 3 semaines. Il amène par la même occasion une ribambelle de touristes auxquels chaque île réserve un accueil digne de ce nom. Nous avons choisi de rester jusqu’à l’arrivée du bateau afin de profiter de cet accueil.
Avec de grandes barges, l’Aranui décharge les marchandises sur le quai. Les habitants, eux, ont préparé les bananes, les citrons, et les cocos séchées à envoyer à Tahiti. Chacun s’affaire sur le quai.
En même temps, les touristes affluent.
En quelques minutes, une horde de touristes débarque à Hanavave.
Des baraques ont été installées au préalable. On y présente l’artisanat local.
Puis les musiciens s’installent et les danseuses occupent la scène.
Vient ensuite, l’invitation très spéciale aux étrangères de rejoindre le groupe des danseuses pour suivre les rythmes locaux. Je suspecte, jusqu’à aujourd’hui, Laurent d’avoir influencé la meneuse pour me convier. Mais je dois reconnaitre avoir passé un moment agréable qui m’a permis de « matar um pouco a saudade da dansa ».
Pour notre dernière soirée à Fatu-Iva, nous sommes invités chez Simon et Sisi, le sculpteur sur bois. Nous récupérons nos bols en bois d’ébène. Leurs enfants préparent leurs valises, c’est la fin des vacances scolaires et ils rentrent sur Hiva Oa. Le séjour à Fatu-Iva se termine comme il a commencé dans la joie, la bonne humeur, les sourires et les rires, mais surtout dans la simplicité et le partage.
Profiter du paysage, du relief escarpé pour de belles balades, c’est un peu l’objectif de notre séjour à Fatu Hiva.
Nous décidons donc de faire la grande randonnée qui relie la baie de Hanavave à celle de Omoa. Ce sera l’occasion de visiter ce village et de raffermir nos guiboles…
Départ au lever du soleil, afin d’arriver de l’autre côté pour le déjeuner de midi.
La balade fait une bonne trentaine de kilomètre Aller-Retour. Cette excursion est l’une des plus belles des Marquises.
Par contre nous ne sommes plus entraînés à la marche…La pente est raide et les muscles nous le font sentir! Du plateau que nous atteignons au bout d’une bonne heure, nous avons une magnifique vue sur la baie des vierges et sur la caldeira qui la surplombe.
Une petite pause bien méritée du haut de ce mirador.
Puis nous reprenons la route, maintenant légèrement plus plate. Nous sommes sur les hauteurs de l’île à quelques 900m d’altitude. Un épais brouillard recouvre la cime de la chaîne montagneuse.
Après 2-3 heures de marche, nous arrivons aux cabanes installées par les locaux pour les touristes. Il paraitrait que ce serait la moitié du chemin. Nous sommes plutôt fiers, nous avons un bon rythme…
Nous apercevons au loin, la baie de Omoa, malheureusement elle nous parait encore bien lointaine, sans compter que la descente risque d’être vertigineuse.
Le village se dessine petit à petit. Mais la pente abrupte fait des misères à nos mollets et nos pieds…. Nous n’avons qu’une idée en tête: retirer les chaussures pendant le pick-nick.
Un beau tiki sur le front de mer mérite une photo.
« Les tikis sont des statues évoquant des visages humains d’aspect énigmatique taillées dans des blocs de basalte ou de tuf volcanique ou dans du bois.
Ils se ressemblent presque tous dans le sens où les jambes sont courtes et fléchies, les coudes sont serrés contre les flancs. Les plus grands situés aux marquises mesurent jusqu’à 2,70m. Comme ils sont généralement implantés sur ou à proximité d’un lieu sacré, on suppose qu’ils revêtaient une fonction religieuse et symbolique, figurant un souvenir d’ancêtres divinisés ou une puissance protectrice. »
Après un repos bien mérité, il est très pénible de remettre les baskets et de prendre le chemin du retour…. Mais quelle idée de vouloir faire une marche aussi longue alors que notre activité physique sur le bateau est bien limitée???? Encore une idée à la Cora!!!! Faites du sport, c’est bon pour la santé!!!! Certainement, mais au moment présent, on peut vous assurer que ça n’avait rien de plaisant pour nos pauvres petits muscles qui souffraient le martyre…. Il nous faudra 4 bonnes heures pour retourner à Hanavave. Ce matin, avant le départ, Mau (la maman de Blandine) nous a de nouveau invité à manger à notre retour… Est ce que Laurent et moi paraissons si mal nourris que ça??? Enfin, même si nous ne rêvons que de notre lit, c’est très plaisant d’être accueillis par toute la famille comme si nous étions des leurs, pour partager à nouveau un kai kai (repas) marquisien.
Fatu-Hiva (ou plutôt Fatu Iva de son vrai orthographe) fait partie des îles du groupe Sud des Marquises avec Hiva-Oa, Tahuata et Mohotani.
Ses falaises escarpées la rende peu facile d’accès et seules deux baies (Hanavave et Omoa) peu profondes, sur la côte ouest offrent un mouillage abrité des houles dominantes.
Elle est l’une des îles les moins peuplée et peut être la plus sauvage.
Hanavave, plus connue sous son célèbre nom de baie des vierges, est considérée comme une des plus belle baie au monde d’après les différents guides de voyage. A l’origine, elle se nommait baie des Verges certainement à cause des pitons que l’on aperçoit dans celle-ci.
– [« L’érosion a sculpté des colonnes de roche surmontées d’une partie plus dure en saillie qui rappelle d’une façon suggestive le symbole de la virilité. »]-
Chaque matin, nous avons le plaisir de nous réveiller devant un tel paysage. L’unicité de celui-ci rend difficile le choix des photos. Suivant les moments de la journée, les lumières changent et donne un caractère spéciale à cette baie.
On nous avait dit: « vous verrez les Marquisiens sont vraiment adorables »…. Autant vous dire d’ores et déjà que notre séjour de 3-4 jours s’est terminé en 7-8 jours, avec beaucoup de difficultés à quitter l’île.
Dès le premier jour, nous faisons la connaissance de Simon, un sculpteur sur bois dont on nous avait déjà vanté les mérites aux Gambier. Il finit des Tikis en bois de cocotier pour l’arriver du bateau de touristes Aranui. Chaleureux, il devient une escale journalière presque obligatoire. Assis sous sa cabane-atelier, on échange nos histoires.
Nous savions qu’aux Marquises nous serions plus tournés terre que mer… En effet, la végétation est si envoutante, que les balades à pied sont un délice.
Nous commençons tout d’abord avec la cascade. Il suffit de remonter la rivière, le sentier nous mène à son pied.
Quel bonheur de se baigner dans de l’eau douce… La cascade est le point touristique de Hanavave, ce n’est donc pas étonnant de se retrouver avec les autres voiliers mouillés dans la baie.
Pour eux qui arrivent juste de Panama, c’est l’occasion de se dégourdir les pattes après un mois de traversée. Tous sont anglophones, ils ont du mal à pouvoir échanger avec le groupe de jeunes locaux qui prend également un bain. Après avoir remarqué que nous sommes Laurent et moi français, ils nous abordent et deviennent alors nos guides pour la fin de l’après midi.
Nous apprenons ainsi comment casser une coco « à la marquisienne »… Plutôt logique quand on analyse, mais habitués au piquet mangarévien, et au marteau, nous n’y aurions jamais pensé seuls… Il suffit donc de trouver une énorme pierre et de la balancer sur le coco. Simple non?!!!! Et efficace….
Ils nous font ensuite gouter la pomme citer, nous « cueille » des mangues en les dégommant, avec des cailloux ou tout autre objet volant, à quelques mètres de haut. Pour finir, en arrivant au village, nous découvrons la pistache un fruit violet/noir, une texture et un goût qui ressemblent un peu au Jaboticabal du Brésil.
Le jour suivant nous tentons de trouver du miel produit localement. Nous sommes aussitôt invités à manger chez les personnes qui le vende… Autant vous dire qu’à partir de là, nous n’avons jamais plus réussi à manger au bateau… Sur le retour nous cherchons aussi des bananes séchées qui semblent être la spécialité d’ici (dixit les jeunes de la rivière). Nous faisons la connaissance de Nadia (Vehine), Penico (Angelber) et Teoho (Emilienne) qui nous dévoilent les spécialités culinaires de l’île…. Ils nous donnent de la pâte de banane coco –meia poao– (genre pâte de fruit sans sucre) à mélanger au poisson, etc… A force de parler, ils nous invitent à manger demain soir. » après avoir parlé, il faut goûter, c’est mieux! » nous disent ils!
Le lendemain au détour d’une maison, nous croisons Blandine (une de nos guides de la bande de jeunes rencontrés à la cascade) qui nous invite à connaitre le reste de la famille . Ce sont les vacances de pâques et tous les frères et sœurs étudiant sur Hiva-Oa sont de retour à la maison. Impossible de s’échapper sans passer par le Faapu (le jardin) où nous récupérons pas 1 mais 2 régimes de bananes… Je ne sais pas si vous imaginer ce que ça représente… 1 régime ce sont environ 40 à 80 bananes. On a beau leur dire que nous ne sommes que 2 à bord, ils insistent pour que nous puissions gouter les deux variétés. A cela, ils se font un honneur de rajouter quelques autres fruits comme les pamplemousses, les citrons, les pistaches, les papayes, les fruits à pain (Uru ou Mei)…Bref, comment va t on bien pouvoir manger tout ça, si nous ne sommes jamais au bateau???…. Car eux aussi, nous invitent à partager le déjeuner. Nous sommes épatés par tant d’hospitalité!
Nous, nous les invitons à passer un moment à bord du Black Pearl.
Pour certaines, c’est la première fois à bord d’un voilier.
Le reste de la famille viendra plus tard, le vendredi soir et Laurent leur fera découvrir le kaikai(repas) « lolo -créole- polynésien ».
Chez Nadia, nous goûtons pour la première fois, la chèvre ou keukeu au lait de coco. Effectivement, en parler et le goûter, ce sont deux choses totalement distinctes! Kaikai Mita –Bon appétit!!
De retour, à la cascade, avec Hinano et Mickael cette fois-ci, nous découvrons le pick nick au Mei (Uru – fruit à pain) cuit au feu de bois, et aux sardines! Que d’échanges avec les gens de Hanavave!
Le soleil brillait sur la mer
Les légendes, les histoires appartiennent à ceux qui savent les dire… Et aussi à ceux qui savent rêver en les écoutant. Alors, accompagné du fond sonore des tambours qui, au loin, rythmaient les chants de la koika enana ressuscitée (autrefois la grande fête marquisienne, à caractère d’ostentation, sur une place publique à gradins aménagée spécialement et appelée tohua koika), dans le murmure du ressac de la plage proche, sous la voûte dorée des myriades de constellations qui font la magie de la nuit des îles, René Haiti Uki entreprit de conter sa version de la création du Fenua Enata, la Terre des Hommes, connue en Occident sous le nom d’îles Marquises...
Eia i na po omua E pohue a’a Oatea me ta ia vehine o Atanua …
Il y a longtemps, longtemps, le soleil brillait sur la mer,
mais dans la mer il n’y avait pas d’île.
Vivaient en ce temps-là Oatea et sa femme Atanua .
Ils n’avaient pas de maison.
Puisqu’il n’y avait pas d’île
Pour construire les maisons.
Alors Atanua dit à son mari :
« On ne peut pas bien vivre sans maison. »
Oatea ne répondit pas.
Il pensait :
« Comment vais-je faire pour construire une maison ? »
Oatea invoqua les dieux, ses ancêtres.
Un soir, il dit à Atanua :
« Cette nuit, je vais construire notre maison.
Maintenant je sais comment faire. »
II faisait nuit.
La voix d’Oatea s’entendait seule dans le noir.
Il dansait et chantait :
Aka-Oa e, Aka-Poto e, Aka-Nui e, Akaïti e, Aka-Pito e, Aka-Hana e, Haka-Tu te Hae.
L’invocation finie, le travail commença.
L’emplacement fut choisi : dans le milieu de l’Océan.
Deux piliers furent dressés : Ua Pou.
Une longue poutre fut placée sur les deux piliers :
Hiva Oa.
Alors il fallut assembler les piliers, la poutre.
Le toit devant et le toit en arrière, Te ka’ava ao, te ka’ava tua.
C’est Nuku-Hiva.
La maison est couverte de feuilles de cocotiers tressées, Fatu.
La maison était grande.
Il fallait neuf feuilles de cocotier tressées
Pour la couvrir dans sa longueur :
O Fatuiva.
C’est long le travail de tresser les feuilles de cocotier.
Et de faire de la corde avec de la bourre de coco.
Le temps passe, il passe vite.
Oatea travaille, travaille sans arrêt.
Soudain Atanua crie à son mari :
« La lumière du jour commence à éclairer l’horizon du ciel. »
O Tahuata.
« Moho l’oiseau du matin chante déjà »
Mohotani.
Oatea sans s’arrêter répond :
« Je finis. Il me reste à creuser un trou
Pour y mettre tout le surplus de feuilles
Et de bourre de coco » :
O Ua Huka.
Alors le soleil se lève et illumine l’Océan.
Voici la maison construite par Oatea.
Atanua sa femme s’écrie :
Ei, ei, ei, ua ao, ua ao, O Eiao.
Ua Pou,
Hiva Oa,
Nuku Hiva,
Fatu Iva,
Mohotani,
Tahuata,
Ua Huka
et Eiao,
voici donc les îles ruisselantes de lumière dans le soleil levant.
Joseph Kaiha nous conte la légende de la Création des iles Marquises
Lorsque nous avons décidé de traverser le Pacifique, nous avions le choix entre une arrivée aux Marquises ou aux Gambier. D’après les informations que nous avions récoltées, les Marquises ne semblaient pas être un bon spot de kite car les baies sont encaissées et face au large sans barrière de corail. Par contre, les Gambier sont entourés d’une barrière, avec un grand lagon et une multitude de petites iles paraissaient plus prometteurs. Cependant, en recherchant sur le web, nous n’avions trouvé aucune information sur le kite dans ce petit coin de paradis. Peut-être une zone vierge qui n’aurait encore jamais connu de kiteur ?
Dans tous les cas, nous étions persuadés qu’il devait y avoir de bons spots par là-bas… Nous avons donc mis les voiles vers cet archipel…
Finalement, en arrivant, nous apprenons qu’il y a déjà eu quelques rares kiteurs qui sont passés par ici en voilier. Il y a également 3 locaux qui s’y sont mis récemment: Pépé et Mahuru à Rikitéa et Rémy à Akamaru. La majorité des spots restent donc à découvrir et à explorer. Les Gambier vont être une vraie occasion du kite « hors-piste » loin des sentiers battus…
Les Gambier ont 2 saisons : une chaude (décembre à avril) et une froide (mai à novembre). En général, le vent souffle plutôt Est.
La saison froide se caractérise par des coups de Maraamu (Sud Est) qui sont violents (>25nds en moyenne pouvant monter jusqu’à 50…) assez fréquents et froids…
Le vent de la saison chaude est généralement d’Est mais influencé par les dépressions qui passent plus au Sud. En passant, ces dépressions génèrent consécutivement un vent de Nord, Nord-Est, Nord-Ouest, Sud-Est puis Est. Il est donc possible de naviguer 3 jours de suite sur un même spot avec un vent qui tourne jour après jour !
Découvrir des spots de kite en voilier n’est pas toujours facile. En effet, un bon spot de kite implique qu’il y ait du vent alors qu’un bon mouillage se caractérise par un plan d’eau calme, peu agité. Arrivés début septembre, nous avons pu explorer les différents coins pendant les deux saisons. Voici notre compte rendu dans l’ordre où nous les avons pratiqués!
En observant la carte satellite, nous avons repéré que le motu de Tarauru Roa semblait avoir une bonne exposition par vent de Sud-Est, un petit lagon et une plage pour le décollage.
Quelques jours après notre arrivée, un coup d’œil aux prévisions météo indiquait un bon coup de vent de Sud-Est à 25 nœuds, c’est ce que l’on appelle un coup de Maraamu !!! Nous étions en septembre, nous avions notre nouveau matos F-One depuis le mois de mai, mais entre la préparation du bateau, la traversée du Pacifique il n’avait toujours pas été utilisé !!!!
Nous sommes donc partis là bas… Une fois l’ancre jetée, le vent rentrait bien et soufflait jusqu’à 30 noeuds , mais le bateau bougeait d’avant arrière, comme en navigation… Dans l’euphorie d’aller kiter, nous avions oublié qu’il était préférable que le mouillage soit calme…
Cette première rencontre avec le Maraamu nous a fait immédiatement sentir la puissance de ce vent…
Le lagon est finalement plus petit et délimité par une barrière qui affleure à marée basse… La plage est étroite à marée haute et encombrée, ce qui complique le décollage en solo.
Bref, Tarauru Roa n’est pas le meilleur spot de kite des Gambier (nous avons quand même déchiré la 9m² à peine sortie de l’emballage!).
Mais c’est un très beau mouillage par temps calme qu’il ne faut pas rater. On pourra y visiter la ferme perlière de Eric Sichoix et découvrir les fameuses perles noires des Gambier.
En retournant nous abriter sur le mouillage calme du village de Rikitea, nous nous sommes rendus compte avec joie que le vent de Sud-Est rentrait dans la baie !!!
Les bonnes orientations de vent pour la baie de Rikitea sont Est et Est Sud-Est. Le décollage se fait dans de très bonnes conditions avec une grande pelouse pour gonfler les ailes, et une petite plage pour décoller. Elle est connu sous le nom de la plage du « Bunker ». Lors des essais atomiques à Mururoa, il y avait un « Bunker » où la population se réfugiait lorsque le nuage radioactif passait dans la région… Les restes d’un passé peu glorieux de la France en Polynésie … A ce jour le « bunker » a laissé place à une grande pelouse mais il est toujours visible sur la carte satellite !
Par contre, la plage est au pied de la montagne, il y a donc un effet de site lié au vent qui passe au-dessus de la montagne. Le vent est donc faible au niveau de la plage et augmente ensuite une fois à l’eau. Après le décollage, il faut s’éloigner de la plage en nage tractée. Une cinquantaine de mètres plus loin, le vent augmente et le kite peut enfin nous porter. Il s’agit ensuite de tirer des bords pour passer au vent des voiliers et l’immense baie des Mangareva s’offre à nous… C’est alors le début de belles ballades entre la pointe Mataihu Tea au Nord et la pointe Teonekura au Sud Est.
Ce terrain de jeux est très varié avec une alternance d’un bleu profond, de bleu clair, de bleu azure, de passage au-dessus de grosses patates de corail… On y croise aussi de nombreux bateaux à moteur qui nous font de grands signes et de beaux sourires.
Il y a également les fermes perlières comme celle de John au milieu de la baie. Lorsque l’on passe devant, les travailleurs nous regardent et nous font des « hang loose »… En les croisant plus tard au village, ils nous ont dit avec un sourire: « Quand on vous a vu arriver, on pensait vous voir toucher le reef mais vous avez tourné juste avant !!!»– ils en semblaient presque un peu déçus…
La vue panoramique sur Mangareva est magnifique avec le mont Duff qui domine la baie, la cathédrale, les tours du roi, et les habitations du village. En chemin, nous croisons également une multitude de poissons, tortues, raies et parfois un petit requin pointe noir qui généralement part rapidement…. C’est un spot « balade » pour profiter de points de vue magnifique danse ce cadre idyllique…
Nous avons eu de nombreuses occasions de naviguer à Rikitea car c’est un bon compromis entre un mouillage très confortable, du vent pour de belles balades en kite et le village juste à côté.
Lors de balades autour de Mangareva, nous sommes souvent passés sur la côte ouest. Les différentes baies sont remplies de fermes perlières dans un immense lagon turquoise. Il est très difficile d’y arriver en voilier en raison du nombre élevé de bouées et de lignes sous-marines.
Comme seuls les vents de Nord-Ouest rentre là-bas, nous avons décidé de laisser le bateau au village et de partir à pied de l’autre côté vers la baie de Kirimiro.
Nous y sommes allés avec Mahuru (un copain débutant qui a reçu sa Bandit 10m² et sa planche Trax de Tahiti) et nous y avons rejoint Pépé. La particularité du Nord Ouest est qu’il est synonyme de mauvais temps : fort vent mais aussi pluie et gros grains.
A notre arrivée, il pleuvait, le ciel était noir et le vent fort (30nds)… Nous avons attendu que le grain passe avant de gonfler et de filer rapidos à l’eau. Pour une fois j’ai pris la bandit 9m² et Coraline la 7m². Le décollage est peu spacieux et une fois de plus il faut un peu marcher pour s’éloigner du bord.
Mahuru est resté au bord dans 30 cm d’eau pour tenter de tirer ses premiers bords sous la surveillance de Pépé. Coraline et moi avons foncé un peu plus au large pour visiter la baie. Nous sommes passés entre les fermes, au-dessus des lignes, entre les bouées… On a senti que ce plan d’eau est finalement plus un lieu de travail que de détente… Quelques piquets en ferraille sont plantés dans le corail et il faut ouvrir l’œil car ils ne dépassent que de quelques centimètres de l’eau…
Nous surveillions Mahuru du coin de l’œil car son aile avait des mouvements étranges… Arrivée au bout de la baie, le ciel s’est assombri d’un coup et est devenu très menaçant … Nous avons décidé de revenir à notre point de départ avec quelques « big jump » au passage, histoire de descendre un peu plus vite… Arrivés à la plage, on a posé juste à temps nos ailes. Derrière nous, un rideau de pluie nous fonçait dessus. Nous avons hurlé à Mahuru « pause vite ton aile !!!! ». Il a juste eu le temps de se faire propulser vers l’avant façon « super man » et de larguer son aile. Celle-ci s’est posée tranquillement sur l’eau dans un bon 40 nœuds. Une première sortie pour Mahuru qui restera gravée dans notre mémoire. Le froid, le ciel gris, les courtes intermittences de pluie, ne nous ont pas motivé à retourner kiter.
Bref, le spot est magnifique par beau temps, malheureusement par vent de Nord-Est, il fait souvent mauvais temps. Nous n’avons donc jamais renouvelé l’expérience.
Taravai c’est une île exceptionnel, habitée par des gens super sympas.
C’est une baie sauvage dans laquelle se trouve un tout petit village habité par 2 familles, avec tout de même son église construite par les missionnaires au XIXe.
Les vents favorables sont le Sud Est, l’Est et le Nord Est. Comme à Rikitea, le spot est orienté « balade ».
Pour le décollage, le meilleur endroit est le jardin de chez Hervé et Valérie. En effet ce décollage est le plus sécurisant, on peut gonfler les ailes sur un beau gazon à l’abri du vent et être en compagnie d’Hervé, Valérie, Alan et Ariki qui sont sympas, accueillants avec un sourire permanent.
Par contre, nous avons légèrement perturbé l’école faite par Valérie…
Une fois décollé, il faut s’éloigner du bord pour que le vent monte. Le spectacle commence ensuite. La vue est tout simplement splendide que ce soit la baie principale, la montagne qui l’entoure, Mangareva au Nord, Akamaru à l’Est…
C’est trop beau de naviguer dans un lieu aussi sauvage avec ces dégradés de couleurs : la verdure de la forêt, les roches, la plage de sable et les mille et un dégradés de bleu turquoise de l’eau du lagon…
Ici aussi la faune sous-marine est abondante. Les différents habitants sont généralement surpris par notre passage et détalent à toute vitesse !!!!
Il y a un petit ilot dans la baie, le Motu O Ari dont on peut faire le tour, mais attention à la dévente !!!!! Nous avons été piégés et avons terminé Coraline et moi les 2 ailes emmêlées dans l’eau à 50m du bateau. Hélas le courant et le vent nous en ont éloigné et l’annexe était à terre ! Nous avons donc, tant bien que mal, replié les lignes, dégonflé le bord d’attaque et fait un genre de radeau avec nos kites emmêler pour nager tranquillement pendant 30min jusque chez Hervé et Valérie… Rien de tel comme gymnastique aquatique….Mais dans ces moments-là, mieux vaut ne pas trop penser à la faune … Si vous voyez ce que je veux dire!
Ce mouillage est très confortable pour le bateau, le cadre est superbe et nous avons passé une bonne semaine à naviguer là-bas !!! Pour finir, la marée basse n’est pas vraiment un problème, car on ne reste pas trop dans le petit lagon.
La baie de Patito, c’est le mouillage parfait, un plan d’eau plus plat que plat, comme si le bateau était posé à terre…
La vue sur les îles de Taravai et d’Agakauitai avec leurs montagnes verdoyantes, les cabris sur la montagne et les cochons sur la plage donne un charme idyllique au site…
Entre les 2 iles, il y a un lagon de 2m de fond à marée haute et de presque rien à marée basse, dans lequel le vent accélère. L’eau plate et turquoise est très attirante.
Notre premier essai s’est fait par vent de Nord Est. Le vent était « un peu » rafaleux et la mer plutôt basse avec des patates de corail un peu partout, affleurant presque… Mais le spot étant magique, il fallait le tester. A peine éloigné du bord, les rafales sont devenues hyper brutales de 25 à 5 nœuds… Le kite faisait de grosses accélérations, retombait aussi sec et la rafale revenait juste avant qu’il ne puisse toucher l’eau… Le tout entouré de corail… J’ai traversé la baie sans rien casser : ni corail, ni kite ni moi !!! Un vrai miracle!!… Le vent de Nord Est est donc à éviter pour ce spot... Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas fait peur en kite…
Notre second essai a été notre cadeau de Noël 2013: un vent laminaire d’Est Sud-Est le 25 décembre. Nous fêtions Noël chez Edouard et Denise. Après avoir mis le cochon à cuir dans le four tahitien, nous sommes partis naviguer pour nous mettre en appétit…
Le spot était magique, entre les 2 montagnes, dans un lagon turquoise à marée haute. Nous avons fait une jolie balade dans un cadre sauvage avec le large en arrière-plan… Nous avons failli partir pour le village de Taravai pour souhaiter un joyeux noël à Hervé et Valérie mais nous aurions été en retard pour le déjeuner !!!! Nous avons donc envoyé quelques bons sauts pour se défouler un peu. Et nous avons fini par nous régaler de ce bon cochon !!!
Le mouillage se fait à l’entrée du lagon, il est un peu agité quand le vent souffle Est ou Est Sud Est.
Nous avons testé le décollage depuis le bateau, car la plage est assez éloignée (1 mile). Le lagon est agréable à naviguer et présente un vaste terrain de jeux. Il y a même 2 petites vagues, mais la houle était peu importante lors de cette session…
Cela faisait un moment que nous n’avions pas fait de décollage du bateau enfin pas depuis l’installation de nos 2 nouveaux panneaux solaires : lors du gonflage, l’aile a touché un des bords affûtés du panneau et le boudin central a été très légèrement percé… Du coup, nous n’avons eu qu’une seule aile pour 2 et le kite tout seul c’est moins rigolo qu’à 2 !!! Nous n’avons donc pas trop persévéré ici…
Nous avons retenté une session en décollant cette fois-ci de la plage. Mais elle est légèrement déventée, et il faut tirer des bords pour prendre le vent dans le lagon. Attention aux éventuelles accélérations et déventes entre les deux îles. Le lagon est d’une rare beauté!
À partir de la vue satellite, le cadre semble prometteur… le mouillage est très calme. Par contre les plages sont très petites et il y a beaucoup de coraux au bord de l’eau. Il y a peut-être une zone pour décoller de la plage, mais c’est au bord de la piste de l’aéroport donc ce n’est pas trop conseillé (même si il n’y a que 2 avions par semaines…).
Nous avons donc opté pour un décollage du bateau, en prenant soin de ne pas abîmer l’aile sur les panneaux… Nous avons navigué sur le spot du Nord par vent d’Est Sud Est modéré. Cora était bien avec la 12m², mais moi un peu léger…
Il fallait se battre pour remonter au vent et passer du temps dans le grand bleu… Même si les requins ne sont à priori pas friands de kiteur, ce n’est pas hyper agréable de rester trop longtemps dans le bleu foncé…
L’autre zone testée est au sud de l’aéroport. Là encore, décollage du voilier. Ici le lagon est moins profond et il est possible de tirer des bords dans un haut fond turquoise entre le Motu Totegegie et Aukena !!
Nous n’avions gonflé que la 12m², car le vent était un peu limite. Cora est donc restée dans un petit périmètre autour des bateaux, les voisins ont bien apprécié le joli spectacle !!
Juste avant de manger le vent s’est levé un peu plus, du coup j’ai filé pour une petite session de 10-15 minutes… Une fois à l’eau le vent m’a bien porté , et j’ai pu bien remonté au vent. Je me suis éloigné doucement du bateau en direction d’Aukena. Petit à petit les contours d’Aukena se sont précisés tandis que ceux du bateau sont devenus de plus en plus lointains !!! La tentation a été grande de partir un peu plus loin vers Akamaru mais ma virée de 10-15 minutes s’était déjà bien éternisée. Alors mieux valait s’arrêter là !!! De retour une bonne heure après, tout le monde m’attendait affamés pour le déjeuner…
La plage d’Aukena, c’est une grande anse de sable blanc face au Nord. Le mouillage se fait dans 4m d’eau turquoise… Un petit paradis… Par contre quand le vent monte, le bateau bouge un peu.
Nous avons essayé le spot un jour avec seulement 12-15kts soit un peu léger. Et nous n’avons pas pu tirer de bons bords. Dommage, car c’était un cadre superbe et très sécurisant… Enfin presque car un des kites a terminé dans un cocotier (à la « Micka style »).
C’est un excellent endroit pour faire du SUP.
Dans notre recherche effrénée des spots aux Gambier, nous avons fini par arriver à Tauna ou l’Ile aux oiseaux.
C’était un jour de pétole et nous en avions profité pour se balader en SUP en se disant « Eh, mais c’est un pur spot de kite ici! : lagon extérieur, lagon intérieur, passe vers le large, petite vague dans le lagon et vague de reef dehors… ».
Le cadre représente le cliché polynésien, petite ile de sable blanc avec ses cocotiers, sa langue de sable dans l’eau transparente, avec des oiseaux en bonus.
Au coup de Sud-Est suivant nous voilà donc ancrés devant Tauna. Le mouillage est bien protégé de la houle et le bateau relativement à plat. Le vent rentre fort.
Nous voilà sur plage prêts à décoller. Nous avons navigué par vent de Nord Est, Est et Sud Est. Les 3 directions sont bonnes, mais nous avons une préférence pour l’Est qui permet de naviguer vers Tekava (1 mile au Sud) ou Gaioio (2 miles au Nord).
Il est préférable de naviguer à marée haute, car en cas de forte marée basse, il peut y avoir quelques coraux qui affleurent… Et notre aile s’en souvient…
Le décollage est très facile sur la grande plage.
Tauna est le plus varié des spots que nous avons eu : le lagon extérieur permet de naviguer au vent de l’ile et de faire des sauts dans 2 m d’eau.
Le lagon intérieur a une eau hyper plate et l’on peut envoyer de bons sauts au-dessus du sable et il est même possible de sauter par-dessus la langue de sable !!! Par houle de Sud-Ouest, il y a une petite vague hyper sympa qui déferle côté lagon. Les vagues du reef extérieur ne sont pas très bien formées ni très creuses et le corail jamais très loin…
Nous avons également effectué de bonnes balades vers Tekava et Gaioio…
Depuis que nous avons découvert ce spot, il est devenu notre endroit préféré.
Nous avons même terminé notre séjour avec 6 ailes à l’eau !!!
Nous avons donc passé 7 mois (de septembre à mars) à explorer les différents coins des Gambier. Nous ne sommes pas allés dans la partie Nord du lagon qui semble elle aussi être prometteuse… Globalement, nous avons toujours navigué en 9 et 12m² et avec la 7m² en de très rares occasions.
Les Gambier sont encore préservés d’une affluence de kiters et restent ainsi un lieu privilégié pour se faire plaisir!
Durant les derniers jours de nave, le temps commence à paraître long…. « Comment a-t-on pu supporter 28 jours de navigation? » est la grande question qui trotte dans nos esprits… Dans la nuit de jeudi à vendredi, le ciel est chargé, annonçant qu’il y aura certainement quelques grains. D’un coup, le vent forcit et change de direction, il faut régler les voiles puis prendre un ris. Quelle surprise lorsque nous découvrons Enzo, un oiseau posé sur le pont. Nous le récupérons tant bien que mal pour le mettre à l’abri dans le cockpit. Au petit matin, il s’agite et réussit à se fourrer au fond du casier arrière où on stocke notre survie. Une opération de sauvetage s’organise, et nous l’installons confortablement dans un bac pour qu’il ne puisse plus s’évader. Nous le relâcherons à l’arrivée. On entreprend de le nourrir avec notre poisson séché, qui ne semble finalement pas être à son goût. Une légère houle croisée rend un peu inconfortable les derniers miles. Mais nous ne nous plaignons pas, car le Black Pearl file entre 5 et 7 noeuds. A cette vitesse nous devrions arriver ce vendredi soir à Fatu Hiva….La règle d’or est certes, de ne jamais arriver de nuit dans un mouillage que l’on ne connait pas… Cette fois-ci, nous enfreindrons la loi car nos « mentors du pacifique » Céline et Matthieu de Shenasa « à cause de qui » mais surtout « grâce à qui » nous sommes aujourd’hui ici, nous ont assuré que la grande baie de Hanavave permet, sans difficulté, un mouillage nocturne. Ils nous conseillent même vivement d’arriver de nuit… A ce qu’il parait le spectacle au réveil serait fantastique. Vendredi en fin d’après-midi, les côtes de Fatu Hiva se dessinent à l’horizon. Un gros caillou aux falaises abruptes, c’est la dernière vision que nous avons avant que le soleil ne se couche. La nuit tombée, nous remettons au moteur la côte sous le vent de l’île… La lune, à son premier croissant, illumine suffisamment pour distinguer la muraille rocheuse, que nous longeons, qui tombe à pic dans une mer complètement plate. Dans cette pénombre, le relief ressemble un peu à St Vincent, ou Ste Lucie. Plus que quelques minutes et nous serons arrivés. Déjà un climat quelque peu mystique s’installe autour de nous. Enfin, nous approchons de la baie de Hanavave. Petit à petit, nous apercevons un feu de mouillage, puis deux, puis trois, puis….. « Dis donc, c’est qu’il y en a vraiment beaucoup des bateaux mouillés dans cette baie!! » En arrivant les derniers il serait logique de se positionner en dernière ligne… Mais voilà, le problème est qu’en s’approchant des derniers bateaux, le profondimètre affiche 35m …. Impossible pour nous de mouiller par une telle profondeur… Il va donc falloir se faufiler entre les différents voiliers… Laurent à l’avant, éclaire le passage avec notre méga spot. Il est près de 22H, tout le monde dort. Malheureusement les fonds remontent très doucement, il faut donc encore s’approcher, presqu’en première ligne….Plus on avance et plus la baie se resserre au pied de deux immenses falaises… Enfin du moins ce que l’on en distingue…. Tout doucement, nous avançons. Quelques fois des rafales descendent de la montagne et le bateau perd légèrement sa trajectoire. « Facile??? Peut-être avec un peu moins de bateaux, mais appréhender les distances, ce n’est pas toujours facile de jour alors de nuit, ça l’est encore moins… Heureusement Matthieu avait, au préalable, repéré la position GPS de leur mouillage par 10m de fond… Enfin, nous trouvons un emplacement qui semble être assez distant de tous les voisins… Nous remontons au cul du premier bateau de la baie, et hop d’un coup Laurent envoie l’ancre. Nous reculons sans toucher le premier voisin, et arrivons à quelques mètres de notre autre voisin…. Matthieu et Céline nous ayant vanté la bonne accroche des fonds, nous leur faisons entièrement confiance. Nous mettons quand même l’alarme de mouillage juste au cas où. Le temps de ranger un peu le bateau, nous installons ensuite Enzo sur le pont, au cas où il déciderait de voler de ses propres ailes dès le lever du jour… Malheureusement, le pauvre n’a pas survécu… Aussi rigide qu’une pierre, notre oiseau a rendu l’âme en arrivant aux Marquises…. Et hop, à l’eau Enzo! Une bonne douche et nous voilà au lit, bercés paisiblement par le son du vent qui s’engouffre dans la baie, et des vaguelettes qui viennent lécher le bord de la falaise. Au petit matin, nous sommes réveillés par le bruit des chèvres sauvages qui bêlent à côté du bateau. Le soleil se lève tranquillement sur la baie des vierges et la vallée d’Hanavave encastrée au pied de remparts rocheux. La Nature est puissante, géante, enivrante. De part et d’autre des bateaux, la falaise grimpe à une petite centaine de mètres. Sur notre bâbord, 3 pitons se séparent de la muraille. Certains disent qu’ils ressemblent à des tikis (des statuettes représentant les anciens dieux vénérés, à l’époque, par les locaux). Le spectacle est effectivement magnifique. Un air du cirque de Mafate à la réunion, ou des 5 baies en Colombie. Merci à Shenasa pour nous avoir conseillé d’arriver de nuit et être ainsi émerveillés au réveil. Avant de partir à terre, nous faisons un peu de rangement, et de nettoyage. Après une semaine en mer, il y a toujours à faire… Et devinez ce que nous trouvons en train d’escalader notre canapé?… Nanard!!!!!…. Le Bernard l’Hermite… Ne nous demandez pas d’où il vient, nous ignorions totalement avoir embarqué ce clandestin aux Gambier….Nous voilà bien avancé avec Nanard… Que va-t-on pouvoir faire de lui??? Nous ne savons même pas s’il y a des Bernard l’Hermite ici!!!!!Nous partons donc à terre en quête d’une famille d’accueil !