Et ben ça commence bien!

L’arrivée sur Chaguaramas se fait au moteur. Le comité d’accueil volant Trini, nous souhaite la bienvenue, en roucoulant l’hymne national.

 

La baie est chargée en gros cargos. Trinidad est un pays riche e gaz et en pétrole.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous allons directement au ponton de la douane car il parait qu’ici on ne rigoles pas avec l’immigration… Pas de chance, le ponton qui permet d’accueillir 2 bateaux est complet. Étant plutôt mauvais en manœuvre de port, on ne se risque pas à garer le bateau sur une troisième place délicate réservée aux « Lanchas » -bateaux à moteur assez rapides pour les touristes ou les pécheurs-. Nous faisons donc environ 4 à 5 tours, en espérant qu’une place se libèrera. N’étant pas le cas, nous décidons alors de mouiller pour une petite heure. Malheureusement, il y a 10 m de fond et nous n’avons que 30m de chaine. Pour des questions de sécurité, il faut de préférence prévoir une longueur de chaine de 5 fois la profondeur. Vous l’aurez donc compris, le mouillage est délicat, de plus, comme dans bien des ports, le fond marin doit être plutôt vaseux, ce qui ne favorise en rien un bon ancrage.  Le temps de repérer une place , fermer le bateau,  descendre l’annexe, demander à notre voisine de surveiller le bateau (toujours pour une question de mouillage peu sécurisé)  et enfin de prendre la direction des douanes, il commence à se faire tard. De plus, manque de chance, le moteur de l’annexe nous fait des siennes… Il manque à trois reprises de stopper en plein milieu du canal pour finalement  stopper net! Quelques sueurs froides : nous n’avons pas pris les rames et imaginer se mettre à l’eau nous laisse perplexes! après avoir tiré sur le câbles du démarreur 4 à 5 fois, nous repartons!  Sacrée annexe, désormais il faudra penser à partir avec nos rames au cas où!

Ce n’est donc qu’à 12H00 que nous mettons pieds à terre, direction l’immigration et les douanes. Toujours pas de chance! On  s’en doutait, c’est le lunch time! Le service d’immigration a fermé ses bureaux jusqu’à 13H00. Nous essayons donc directement les douanes.

« On a la poisse ou quoi aujourd’hui??? » La dame très sympathique est prête à nous faire les papiers mais pour ce faire il lui faut notre feuille de sortie de St vincent qui se trouve??? Bien évidemment dans le bateau…. Oulala la fatigue se fait vraiment ressentir!  Au moment, où nous repartons en annexe, nous nous apercevons qu’une des deux places à quai s’est libérée… Vite, on met les gaz… Faux espoirs un bateau finlandais est en approche et nous volera la place. Nous repartons donc penauds vers le Black Pearl. Sur le chemin, notre voisine nous contacte sur la VHF portable: « Black Pearl,votre bateau se rapproche beaucoup d’un autre, il pourrait y avoir une collision si vous ne revenez pas… ». Nous la trouvons un peu alarmante, et décidons de prendre le temps d’un déjeuner… Après tout on est fatigué!!!!!

Puis tout d’un coup, en voyant un autre voisin faire de grands gestes alarmants, on se rend compte que nous avons encore bougé et que nous sommes vraiment très très proches du voisin! Là il est plus que tant de lever l’ancre, car c’est sûr le bateau ne restera pas immobile le temps d’un aller retour à terre et ira vraiment embrasser le voisin.

Bien que nous en soyons à 4/5 tours de bateau autour du quai des douaniers, nous retentons notre chance. Si ça ce n’est pas de la ténacité!!! Bien évidemment, inutile de vous dire que les places sont encore et toujours indisponibles! Ce n’est qu’après notre 4ième tour que nous voyons un des deux bateaux libérer le quai…. Vite vite vite, demi tour!!!!!!

Et bien non c’est encore raté, une P….. de lanchas – oui!, nous commençons à perdre un peu patience! – vient de prendre la place alors qu’elle n’a absolument pas le droit de s’y garer. Ce n’est qu’après 2 ou 3 nouveaux tours que nous pouvons ENFIN garer le Black Pearl à quai! « Et bien ce n’est pas trop tôt!!! » et la manœuvre est en plus successful!

Nous courrons à l’immigration, où nous remplirons quelques dizaines de papiers en une dizaine d’exemplaires. On fait rigoler la douanière quand on lui annonce: « we come for Carnival!!! » En même temps qui va à Trinidad si ce n’est pour son Méga Carnaval? Petit tour de nouveau chez notre copine la douanière. Et la MISSION est enfin ACCOMPLIE!!!!

Nous recevons alors un coup de fil de Oward, le collègue de Djibrilla qui nous accueille dans sa marina. Le pauvre il nous attend depuis 14H… et il est juste 15H30… Nous sommes sacrément en retard. Une brève explication de sa part nous donne la direction à suivre pour rejoindre Pier 1. Nous partons tranquillement au moteur et mettons une trentaine de minutes supplémentaires pour passer dans la baie voisine. En effet, Pier 1 se trouve de l’autre côté de crew Inn où sont situées les douanes. Pier 1 c’est une petite marina, dédiée aux bateaux à moteur. Elle accueille 4 bateaux à quai et peut stocker peut être une centaine de petits bateaux à moteur sur un échafaudage. Etant des amis de Djibrilla, et ayant une place de libre pendant la durée de notre séjour, Oward est ok pour que nous laissions le voilier pendant le carnaval sur une des places pour bateaux à moteur.

La baie est tellement vaste que l’on a un peu de mal à repérer exactement où se trouve Pier1. Après quelques coups de téléphone (tout en anglais sur un portable français! peu évident, avec le cerveau ramolli par la fatigue de la traversée), nous pénétrons dans Pier1.

Le vent est fort (17 nds), il pousse de la terre vers la mer. Il faut parquer le bateau entre un haut ponton ( photo de gauche) qui sert à débarquer  une cinquantaine de passagers du Vénézuela qui arrivent sur un gros bateau à moteur et le ponton où se garent les bateaux à moteur (photo de droite). Chaque place est délimitée par 3 gros piliers… Vous l’aurez compris, la manœuvre s’annonce plutôt compliquée et promet un bon coup de chaud!!!!

Certainement conditionnés pour garer des voitures, notre cerveau nous incite à manœuvrer de la même façon. Nous commençons donc par faire une marche avant, direction le mur qui ferme la marina (qu’on ne voit pas sur le photos mais qui se trouve à droite sur la photo de gauche). Nous ralentissons et enclenchons la marche arrière. Non seulement nous nous sommes trop rapprochés du mur, et il nous est impossible de penser à faire demi tour, mais en plus le vent nous pousse vers le ponton qui sert à débarquer les Vénézueliens. PANIQUE A BORD!!!!!

Le bateau ne répond de rien. Quelque soit le sens dans lequel Laurent met la barre franche, le Black Pearl ne  part que dans un sens: celui qui le pousse vers le ponton. Nous avons positionné les pare-battages avant d’arriver à Pier1 ( ce sont des bouées qui peuvent avoir des formes cylindriques ou sphériques qui empêchent d’abimer le bateau et que l’on positionne de chaque côté de celui-ci, spécialement lorsqu’on fait une manœuvre de port). Malheureusement, le ponton étant très haut, ceux-ci ne nous sont d’aucune utilité! Il n’y a qu’une solution: pousser sur la partie horizontale du ponton pour écarter le bateau de l’obstacle. Mais il faut pousser en même temps à l’avant et à l’arrière si on ne veut pas abimer le bateau. Or si nous poussons ensemble, personne n’est à la barre pour reprendre la manœuvre et ressortir le bateau de cet enfer… Nous sommes en sueur. Je pousse de toute mes forces; crier pleurer hurler n’avancera à rien même si j’en ai grande envie. Me trouvant trop éloignée pour pousser efficacement, je fais l’erreur de me mettre à l’extérieur des filaires, me prenant alors pour un pare-battage. Il faut dire que j’ai un gros soucis: je crois être un peu matérialiste!!! Dans le feux de l’action je n’ai pensé qu’à protéger le bateau sans trop penser que je pouvais me faire complètement écrabouiller entre le ponton et les 6 tonnes que font le Black Pearl. Un peu absurde comme comportement, je vous l’accorde, mais dans le feux de l’action, je n’ai pas trop senti la douleur causée par la pression des filaires sur mes mollets.

Laurent me voyant faire de telles sottises, vole à mon secours à l’avant du bateau, mais lorsqu’il pousse avec moi, forcement le bateau se rapproche à l’arrière. Il court donc à l’arrière pour pousser à nouveau, revient de mon côté, retourne du sien, etc…. Quelle situation infernale incontrôlable, insoutenable. On est en plein milieu du ponton, sans avoir aucune idée de comment sortir de cette situation. Les mots « help help » ne sortent même pas de nos bouches tellement nous sommes paniqués.

Heureusement Oward, qui a fait le tour arrive au dessus de nous sur le ponton. Nous le supplions de monter à bord pour manœuvrer le bateau et nous sortir de cette horrible situation. Il saut sur le bateau et prend la barre. Laurent se concentre alors sur l’arrière du bateau et moi sur l’avant. Petit à petit la pression qui nous écrasait sur le ponton se relache. Le bateau s’écarte lentement et ressort en marche arrière de la marina. Oward présente le bateau en marche arrière pour mieux le contrôler lors  de la manœuvre de port. Tout doucement, méticuleusement, il amène le bateau dans sa place de parking. Laurent et moi, de chaque côté appuyons sur les gros piliers pour éviter que le bateau les touche. Reste à amarrer le Black Pearl. Nous lançons deux bouts au frère de Oward qui les amarre sur le quai.  Le bateau est enfin stable à l’arrière. Malheureusement nous n’avons pas mis le bout à l’avant, la Black Pearl peut donc toucher les bateaux se trouvant sur chacun de ses côtés. Laurent se jette donc à l’eau, bien que peu appétissante et fait le tour à la nage, du pillier avant,  afin d’amarrer le bateau et de le fixer complètement.  Nous pouvons enfin nous remettre de nos émotions. Je tremble, et ai deux énormes bleus sur les mollets. Laurent est traumatisé sans voix. Nous remercions Oward de nous avoir sauver la vie, et nous excusons pour cette entrée fracassante.

Bien que nous savons que nous en rirons certainement plus tard, il nous faudra quelques heures pour s’en remettre. Le temps de faire une balade à terre et de manger un horrible KFC.

 

Moralité, garer un bateau ce n’est pas aussi facile que garer sa voiture!

 

 

 

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