Les îles vierges – Première partie Kite

Les iles vierges…Cet archipel fit le ravissement de Christophe Colomb en 1493 et son admiration lui inspira un seul nom de baptême, pour l’ensemble des iles,  » les onze mille vierges » se souvenant ainsi des 11 000 compagnes de saint Ursule assassinées au Ve siècle par les Huns.

Ces petites iles n’étaient peuplées que de quelques tribus amérindiennes et, malgré leur beauté, elles furent dédaignées par les espagnols. Ceux ci étaient plus intéressés par la conquête des territoires riches en or du continent sud américains. ils ignoraient que ce choix serait finalement néfaste a leurs propres intérêts… Leur « flotas », lourdement chargées de biens provenant du nouveau monde, devaient pour rejoindre les vents portant vers Europe frôler l archipel des vierges. Par voie de conséquence, celui ci devint un repaire de choix pour les flibustiers, en majorité anglais,auxquels se mêlaient des hollandais et des boucaniers français. Tapis dans le dédale des iles, ils bondissaient sur les flottes espagnoles, alourdies d’or, puis leur coup fait, se dissimulaient à nouveau, en attendant la prochaine aubaine.

Cette activité moralement discutable était par contre très lucrative et les anglais installés depuis 1620 ne quittèrent plus la partie Est des iles vierges ( Tortola, Virgin Gorda et Anegada – les BVI British Virgin Island). Les trois autres iles, à l Ouest et au Sud-Ouest ( St-Croix, St-Jonh et St-Thomas) passèrent successivement sous l’autorité des hollandais, anglais, danois, français au hasard des guerres et des traités. Ce n’est qu’au début du XIXe s que les iles revinrent définitivement aux danois qui les cédèrent aux États-Unis en 1917 où elles devinrent les US Virgin Islands.

Sur l’ensemble des iles, on retrouve une grande influence américaine: la fréquentation touristique en majorité américaine, le type et la gestion des complexes hôteliers et des infrastructures nautiques, et surtout l’omniprésence du $US.

Nos amis du bateau Beltzha, Laurent, Gwendoline et Lilou, nous ont avoué à Saint Martin que l’endroit est vraiment paradisiaque, de quoi y rester des mois. Pour nous les iles vierges, c’est avant tout un super spot de kite, c’est pourquoi aussi tôt arrivés, nous nous dirigeons directement vers Necker Island. Nous avons de la chance, car il y a du vent pendant une petite semaine. Sans hésiter, nous élisons domicile en face des cotes de l’ile de Richard Brandson (cf le post- Une journée peu ordinaire à Necker ISland). Comme à notre habitude lorsqu’il y a du vent, on ne pense qu’au kite. On se lève, on prend un copieux déjeuner, et nous sautons dans la dinghie. Quelques heures intenses de kite, un bon déjeuner et nous repartons de plus belle! Nous n’avons aucun voisin, quelques rares catas viennent mouiller à la journée, espérant peut être croiser Sir Richard ou autre people. Ce n’est qu’avant de partir que nous nous décidons enfin à mettre la tête sous l’eau. Le corail y est plutôt bien protégé, et semble moins mort que ce que nous avons pu constater dans les autres îles. Nous trouvons, un requin dormeur qui a élu domicile sous un joli corail . C’est moins impressionnant maintenant que nous sommes convaincus qu’ils sont inoffensifs! Même, si la bestiole reste de bonne taille.

Nous avons hâte de passer plus de temps en snorkeling, mais le vent pouvant se faire rare, nous continuons notre route sur Anegada, pour faire du kite

Anegada, l’ile la plus au Nord des BVI, est plate, insérée dans une immense barrière de corail qui représente tout son intérêt. Cet univers aquatique a déterminé depuis longtemps l’activité de pêche des habitants de l’ile. Leurs ancêtres passent pour avoir été des pirates puis de redoutables détrousseurs d’épaves. Celles-ci jalonnent ce gigantesque banc corallien se poursuivant loin vers le Sud et formant à fleur d’eau un véritable piège pour les bateaux croisant le large.

Pour nous, ce sera à nouveau du kite: il y a encore 2 à 3 jours de vent. A Necker, on nous a parlé de deux downwind. Pour ceux qui ne connaissent pas le mot, cela signifie qu’on part d’un point A et qu’on descend avec le vent à un point B. Le premier jour, nous mouillons presque seuls vers le sud de l’ile. On décide alors de se faire un aller retour jusqu’à la point sud-ouest. Laurent rêve de la fameuse vague qui apparaît dans le film de F-One (la marque de kite). La descente est plutôt facile, on n’a qu’à se laisser porter par le vent. Sauf qu’au retour il faut tirer d’interminables bords. J’ai beau me répéter que c’est formateur, au bout d’une heure ça devient quand même un peu fatiguant (on a déjà un bon 3/4 d’heure dans les jambes!). Sur la barrière, on aperçoit une épave.

Comme le mouillage est un peu rouleur, et que nous devons trouver un taxi pour le downwind de demain, nous n’avons pas d’autre choix que de mouiller au milieu d’un troupeau d’Américains! Parait il qu’en pleine saison ce bel espace est bien plus rempli.

Le lendemain, nous partons vers la pointe sud-Est. Le taxi nous dépose au fin fond de l’ile, nous rentrerons jusqu’au bateau en kite. L’aire de décollage, n’est pas géniale. Le vent est rafaleux, et pour tout vous dire une odeur de poisson séché par le soleil émane de là où nous devons pénétrer. On a l’habitude de procéder de la manière suivante: Je décolle Laurent qui, tout en contrôlant au mieux son aile, gère mon décollage (il est fort ce Lolo!). Le problème c’est qu’avec ces rafales, il vient de faire un bond et de s’exploser le pied sur une pierre assez aiguisée! ça commence bien…. Le taxi nous a déjà abandonné à notre triste sort, nous n’avons pas d’autre choix que de nous lancer pour ce downwind (Mon vrai premier!). Bénissons la corne que nous avons amassée depuis ces quelques mois, la blessure de Laurent est donc superficielle, mais pique, tout de même, dans l’eau de mer. Nous nous faufilons au milieu de la Mangrove. Attention, à ne pas faire tomber l’aile! Et là, une étendue d’eau turquoise, telle un lagon, s’ouvre devant nos yeux. C’est magnifique. il doit y avoir à peine un mètre de profondeur, on voit parfaitement les fonds… C’est parti!!! On descend tranquillement. Le vent est maintenant plus stable que sur l’aire de décollage, ce qui permet de pouvoir faire quelques petits sauts de crapaud (au début, on fait ce qu’on peut!). D’un coup, devant nous, une magnifique raie bondit à près d’un mètre au dessus de l’eau, et s’enfonce à nouveau majestueusement dans le lagon. Heureusement que Laurent derrière moi, n’a rien perdu du spectacle, sinon j’aurais pensé avoir rêvé. Quelques fois, on aperçoit au fond de l’eau, un barracuda d’une belle taille! Ne pas tomber… Faites que je ne tombe pas!!! Bien qu’inoffensives, ces bestioles me donnent la chair de poule! On savoure ce moment, qui passe trop vite à notre goût, voilà que nous apercevons déjà les bateaux mouillés devant le village. C’est décidé, il faut vraiment remettre ça à demain.

En début de soirée, nous sommes invités par nos voisins: un énorme cata de location sur lequel nous rencontrons un groupe de jeunes américains et canadiens! Nous avons attiré l’attention d’un des couples qui aimerait s’acheter un bateau et partir pour une année sabbatique. Nous faisons donc l’objet de nombreuses questions pratiques. Quand à nos trois canadiens, on se croirait dans un épisode des têtes à claque! D’ailleurs, lorsqu’ils nous demandent si nous connaissons le Canada, Laurent ne cache pas qu’il est fan des têtes à claque! On passe une très bonne soirée. La bande est experte en pêche. Chaque jour, ils ont réussi à avoir de gros poissons. Ils ont bien raison de se moquer de nous lorsque nous avouons avoir péché un unique barracuda en 5 mois, celui-ci relâché à cause de la ciguatera! Conscients de notre désespoir, ils nous passent donc quelques « trucs de pécheur », en espérant que nous serons plus chanceux. Après avoir décrit les 3 leurres que nous utilisons à bord, voici qu’ils sortent un tube sur lequel se chevauchent une bonne vingtaine de leurres…. Apparemment, le choix de celui est déterminant. Il faut donc avoir toutes les tailles, toutes les couleurs, et les inter changer régulièrement pour augmenter ses chances…. Serait ce la clef du succès???? De plus, pour pêcher de gros poissons tels qu’une dorade, un thon, etc… il faut longer une faille, c’est à dire, un endroit où les fonds descendent d’un coup! Les gros y sont à l’affut des petits. Quelle soirée enrichissante, il ne reste plus qu’à mettre à profit!

Bien que l’envie de tester tous ces petits secrets du métier soit grande, nous repartons pour un downwind. Cette fois-ci, le taxi nous dépose du côté nord à peu près au milieu de l’ile, et revient nous chercher dans 4 heures, sur une plage plus au Nord-Ouest. L’aire de décollage est, aujourd’hui, bien plus sympathique: pas de mauvaises odeurs de poisson pourri, ni de mangroves, ni de zones raffaleuses. La mise à l’eau est facile. Le paysage diffère un peu d’hier: bien que protégé par la barrière de corail, le lagon n’est pas aussi bleu turquoise qu’hier. Au fond, il y a bien des vagues, mais nous sommes loin de celle qui est filmée sur le clip F-One. Laurent est un peu déçu. Cependant la beauté des lieux, nous rend joyeux. Quelle chance nous avons d’être ici.

Pour avoir une idée, cliquez sur le lien ci-dessous pour un petit film.

Le seul hic dans l’histoire, c’est que le vent est en train de tomber. Laurent a pris le surf (il espérait vraiment surfer une énorme et magnifique vague), il est donc bien porté malgré le vent en baisse. Quelques kite loops pour avancer; il ne ressent pas tellement les molles. Pour moi, c’est la galère! Je ne sais pas encore faire les kite loops. Ce serait le bon jour pour apprendre mais si l’aile tombe dans l’eau, ce sera très difficile de la refaire décoller. Je peine donc… Je dois faire travailler l’aile sans arrêt de gauche à droite, pour lui donner de la vitesse… J’avance à petite vitesse, mais j’avance…. Aujourd’hui pas de saut, je suis trop concentrée à éviter de faire tomber l’aile. A force de tirer, plus d’un côté que de l’autre, j’ai mes abdos du côté gauche qui me font un mal de chien…. Les deux blessés que nous sommes n’auront pas d’autre choix que de s’arrêter quelques jours, pour reposer leur corps. ça tombe bien, s’en est fini pour le vent et après tout, nous avons une bonne dizaine de jours de kite dans les jambes!

Nous allons nous mettre au snorkeling!

 

 

 

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