Les San Blas, récit à quatre mains d’un voyage au paradis.
Loïc : Après quelques semaines de négociation et discussions, nous nous sommes entendus avec Cora pour se retrouver dans un endroit qui répond au doux nom des San Blas.
Il est vrai que je n’ai pas hésité longtemps quand je suis allé voir sur internet à quoi ressemblait le coin…
Tom: De mon côté, cela fait plusieurs mois que j’attendais l’opportunité de pouvoir rejoindre Laurent et Cora… et voilà qu’entre mi-novembre et mi-décembre s’ouvre une fenêtre sur les Caraïbes. Deux options, les rejoindre à Cartagena en Colombie et faire la traversée vers le Panama ou Panama-Jamaïque car à l’époque ils pensent encore boucler le tour des Caraïbes. Finalement ce sera les San Blas « uniquement » car entretemps, leurs plans n’en finissent plus de changer…
Le Périple
Tom: J’avais prévu d’arriver un jour avant Loïc et d’en profiter pour aller me balader le long du Canal. Mais voilà, en escale à Amsterdam, une lecture trop rapide de mon billet d’avion me fait retenir l’heure de départ et non celle de l’embarquement. Je me présente à la porte et là c’est un grand moment de solitude : l’avion recule et s’éloigne inexorablement de la passerelle. Après une longue période de doute car les vols sont prétendument pleins les jours suivants, je finis par obtenir un nouveau billet pour le lendemain.
Loic : En mode vacancier, allez aux San Blas est assez facile. A deux heures de Panama City, il suffit ensuite de prendre une lancha (petit bateau à moteur) et suivre le fleuve jusqu’à la mer des Caraïbes pour aller rejoindre l’île de son choix.
Néanmoins, quand une semaine après ces vacances, vous êtes sur Miami pour des raisons professionnelles, et qu’il vous a été impossible de déposer un quelconque bagage à l’aéroport de Miami… Et bien, vous vous retrouvez avec une énorme valise, un ordinateur portable, sac à dos et deux housses pour « ne pas froisser » les costumes et chemises. Un minimum pour la reine d’Angleterre peut être, mais allez sur un bateau en ayant apporté sa maison, ça n’est pas une mince affaire !!
Avant le départ de l’hôtel à Panama City, le contraste était saisissant entre Thomas (équipé d’un seul sac et habitué à la vie sur un bateau) et moi (avec mes 40 kg de bagages).
Tom : Panama City, 4 du mat’. Loïc, que je n’ai pas encore rencontré, frappe à ma porte. Lorsque j’ouvre la porte, je me retrouve face à un géant (il n’est pas petit le bonhomme), ses grosses valises à roulettes et ses costumes sur cintres… J’avoue, le contraste me fait bien sourire. Nous avons la chance d’être les premiers à monter dans le 4×4 de Manuel qui nous emmène aux San Blas donc Loïc réussit à caler tout son barda dans le coffre.
Loïc: Le voyage jusqu’aux San Blas se passe bien et nous arrivons sur l’île de Porvenir pour rejoindre Cora et Laurent. Ils nous attendent sur leur bateau, tout beaux et tout bronzés.
Tom: Ce que Loïc oublie de nous dire c’est que pour arriver aux San Blas, le voyage n’aura pas été aussi simple. A la sortie de la ville, nous nous arrêtons prendre un café dans un boui-boui sur le bord de la route. Une jeune norvégienne qui fait le trajet avec nous se fait arracher son sac à main. Après une course poursuite infructueuse, nous quadrillons le quartier pour « essayer » de retrouver le malfrat. Le problème est qu’il faut présenter son passeport à la frontière du territoire du Kuna Yala. Après un passage par le poste de police où l’aide espérée n’est pas au rendez-vous, nous reprenons la route en espérant qu’une copie du passeport sera suffisante pour passer la frontière. Et ça passera. Nous finissons par arriver en territoire Kuna, non loin de l’ancien aérodrome de Carti où nous devons embarquer sur la lancha de Chico… mais voila, pas de Chico. Je ne parle pas espagnol, celui de Loïc est disons rouillé et tous les pilotes ont des têtes à s’appeler Chico. Après un long moment de confusion, Chico finit par venir nous chercher. Après avoir descendu la rivière, nous voici enfin sur l’eau en direction de Porvenir où nous attendent Laurent et Cora, bronzés, souriants et magnifiques dans leurs polos roses siglés « Black Pearl ».
Tom : Avant de lever l’ancre, nous allons faire le plein de pain sur un îlot-village identique à ceux que nous avons pu apercevoir au loin en approchant de Porvenir. L’îlot n’est pas grand, l’espace est rare alors les maisons sont partout et débordent littéralement sur le lagon, perchées sur des pilotis. Au dessus des toits s’élèvent des cerfs-volants de papier et de plastique. Le village grouille d’activité, les enfants sont partout. Un dédale de petites ruelles sableuses bordées de cabanes en bois nous mène à une des boulangeries.
Loic: A peine arrivés à Porvenir, les bisous de faits, nous voilà déjà partis en mer vers notre premier lieu de mouillage « Cayo Limon ».
Avec trois navigateurs sur le bateau, les choses se sont vite mis en branle. Les voiles sorties, Cora sur l’ordinateur pour gérer notre plan de route de navigation et Laurent à la barre, nous partons pour deux heures de navigation.
Loïc : Ces premières heures sur le bateau m’auront permis d’être sensibilisé à la vie sur le bateau: Familiarisation avec le bateau et les petits espaces, briefing de Laurent et Cora sur la bonne gestion de l’eau au quotidien. Pour la nourriture, hormis les fruits, légumes et autres féculents en stock sur le bateau, pour tout le reste c’est en mer que ça se passe ! Un Koh Lanta de luxe somme toute puisque, armés d’un pistolet harpon, d’une canne à pêche, et des lignes pour pêcher à la traine, nous sommes assez bien équipés!
Tom : Tout de suite le rythme infernal de la vie sur le Black Pearl s’installe… Réveil, petit déj’, digestion, pêche, repas, sieste, pêche, apéro, repas, soirée à refaire le monde, dodo… et cela recommence inlassablement en intercalant un peu de navigation tous les deux jours.
Loïc : Les premières pêches n’ont pas été miraculeuses mais le premier jour, grâce à Cora, nous avons mangé un poulpe savamment préparé par le cuisinier hors pair qu’est Laurent.
Tom : Je ne suis pas d’accord Monsieur Loïc, la première pêche aura été miraculeuse ! Nous prenons le dinghy pour aller chasser sur le récif à 100 mètres du bateau. Laurent se jette à l’eau avec l’ancre à la main dans 1 mètre d’eau, ressort tout excité demandant qu’on lui passe immédiatement le fusil et re-disparait dans son mètre d’eau. A la surface, les bulles, les remous et coup de palmes témoignent de l’âpreté du combat. Suspense intense, Laurent ressort victorieux, une cigale de mer empalée au bout de sa flèche. Tout de suite le doute s’installe : il est beau, il est fort… d’accord ! Mais tout de même. Il est immédiatement soupçonné d’avoir placé là cette pauvre cigale la veille afin de nous impressionner. Même si le doute persiste toujours, il est certain que le Black Pearl est un vrai restaurant trois étoiles.
Loic: y resterons deux jours sur Cayo Limon pour mettre les voiles ensuite vers Cayo Hollandes.
Loïc : Mardi matin, nous mettons les voiles pour Cayos Hollandes. Laurent me laisse la barre et nous voilà partis pour 2h et demi de navigation. Un vrai régal de voir défiler ces minuscules îles désertes ornées de cocotiers. Les San Blas sont un vrai coin de paradis.
Lors de cette navigation, nous avons eu l’énorme chance de se faire escorter par tout un groupe de dauphins! Tout en continuant de naviguer, nous nous jetons tour à tour à l’eau (bien accroché au cordage bien sur) afin de profiter pleinement de ce moment unique: Nager avec les dauphins, mais pas que!!!
En effet, arrive mon tour. Je précise qu’il y a, à ce moment là, plus de 40m de fond. Je ne suis pas effrayé par les profondeurs mais le fait de ne pas voir le fond me fait un peu flipper quand même. Donc, je plonge, je nage avec les dauphins, tout va bien…jusqu’au moment où, sous mes pieds, passe quelque chose…je dis bien « quelque chose » car aujourd’hui encore je ne sais pas ce que c’était. Surement pas un dauphin en tout cas!
Effrayé, j’ai bondi sur l’échelle et Cora a compris en voyant ma tête qu’il s’était passé quelque chose. On s’est néanmoins bien marré par la suite. Disons que je me suis bien fait chambré (hein Thomas?)
Tom : Les moments passés au milieu des dauphins sont toujours uniques. Dans l’excitation, Laurent se jette à l’eau, caméra au poing, sans voir le dauphin qui apparaît sous l’échelle. Il manque de peu de se retrouver à cheval sur le dos de ce pauvre dauphin tel un fier Poséidon. Effectivement, la tête que fait Loïc en bondissant hors de l’eau n’a pas de prix. Il est livide et jure qu’il a vu… « quelque chose ». Loïc nous fait bien rire mais nous a tout de même refroidis un peu avec son « quelque chose ». Alors nous continuons de profiter de la scène à la proue où les dauphins jouent encore quelques instants avant de poursuivre leur route.
Loic: Après cette excursion, nous voilà arrivés à Cayo Hollandes. Entourés d’îles protégées par une barrière de Corail, l’endroit est magnifique.
Tom : L’approche se fait en remontant un couloir bordé d’ilots à la végétation luxuriante puis le lagon s’ouvre sur notre bâbord, au loin devant nous un banc de sable et un autre petit ilot « carte postale ». C’est là que nous mouillerons pour les deux prochaines nuits. La météo s’est améliorée sur la côte, alors au loin nous distinguons enfin le continent et les montagnes que nous avons traversées pour rejoindre les San Blas. Dans un ciel bleu et ensoleillé, les grains passent en nous offrant de très beaux contrastes : les gris des nuages, la multitude des verts de la végétation, le jeu de couleurs du lagon et le bleu foncé de la mer des Caraïbes au loin.
Loic:Les pêches ne sont toujours pas miraculeuses mais notre persévérance paye quand même. Au menu coquillages, poissons perroquet, langoustes…il y a pire vous me direz
Tom : Et ce soir, qu’y a-t-il au menu ? Ah non pas encore de la langouste ! Voilà ce à quoi nous sommes réduits. Nous profitons également du passage de quelques pirogues Kuna pour compléter l’approvisionnement en fruits et légumes frais.
En fin de journée, nous n’avons toujours rien attrapé pour manger le soir. Alors Laurent et moi partons sur un petit récif pour faire le plein. Alors que nous déambulons au milieu des patates de corail à la poursuite de poissons perroquet, je suis témoin d’une scène unique. J’aperçois Laurent qui s’agite d’un seul coup, dégaine son fusil et tire droit devant lui dans le sable. Je ne comprends pas tout de suite car mon masque limite mon champ de vision. Un superbe requin nourrice, qui fait bien 2 mètres de long, avance tranquillement… droit sur notre héros. Le pauvre bestiau est alors surpris par un tel comportement, vire et s’éloigne dans le bleu en hurlant « C’est des malades !!! C’est des malades ». Quel fou-rire ! Je pense que les requins des San Blas en parlent encore.
Loic: Nous resterons 2 jours et demi ici avant de voguer vers Coco Banderos.
Coco Banderos
Loic: Après une longue approche en bateau pour le mouillage, les fonds étant très peu profonds, nous voilà arrivés dans cet autre coin de paradis.
Entourés par trois îles, l’endroit est splendide où se confondent diverses nuances de couleurs passant notamment du vert émeraude au bleu foncé.
Tom : En longeant un tombant, je me retrouve nez à nez avec une raie aigle. Je ne bouge plus pour ne pas l’effrayer, elle passe lentement en volant dans le bleu, l’air vient à manquer, je remonte à la surface. Rencontre furtive mais quel bonheur…
Loic: Le fil rouge? La pêche et toujours la pêche! Nous ne désespérons toujours pas de réaliser le casse du siècle et après quelques séances de repérage, nous trouvons enfin un vrai bon spot à poissons. Merci car grâce à ce spot, nous nous sommes régalés de poissons, calamars et autres langoustes.
En mer aussi, nous avons frôlé l’exploit. Que dire du banc de thon que nous avons vu lorsque nous péchions à la ligne? Ni une, ni deux, Laurent, comme un fou, part à la pêche au thon. Par manque de pratique et d’expérience sur ce type de pêche, la ligne n’a pas tenu…C’était sans compter sur le nœud HAWAÏEN que Lolo maitrisera par la suite!!!! Le nœud qui résiste à n’importe quelle force de traction…Ce n’est qu’avec l’expérience que nous apprenons….
Après 2 nuits passées à Coco Banderos, il est temps de reprendre la route. Mon départ approche.
Retour à Porvenir, départ de Loïc
Tom : Nous reprenons la direction de Porvenir pour y déposer Loïc qui doit reprendre l’avion le lendemain soir. Le vent souffle, le Black Pearl glisse sur l’eau et nous parcourons la vingtaine de miles en quelques heures. En chemin, nous apercevons un voilier qui pourrait bien être Shenaza, un voilier « ami » que Laurent et Cora ont rencontré dans leurs pérégrinations. Le contact radio est établi et rendez-vous est pris pour le lendemain. Le plan est de quitter les San Blas avec Shenaza pour rejoindre Portobello où je débarquerai pour rejoindre Panama.
A l’arrivée à Porvenir, nous apprenons que les contrôles au point d’entrée et de sortie du territoire Kuna sont devenus compliqués ces derniers jours. Le plan initial de Loïc de rejoindre Panama City le lendemain est mis à mal car le timing est trop juste et ne laisse pas de marge pour ce genre d’évènement. En l’espace d’une demi-heure, Loïc fait ses bagages et quitte le Black Pearl pour rejoindre Panama City dans la soirée. Le départ précipité de Loïc plombe un peu l’ambiance car nous pensions passer une dernière soirée tous les quatre ensemble. Mais ce sont les aléas des voyages, bon vent Monsieur Loïc ! Nous passons la nuit à l’ancre en face de Porvenir.
Passage à Cayos Limon West
Dans la matinée, nous quittons Porvenir après avoir passé les formalités administratives pour quitter le Kuna Yala par la mer. Quelques heures après nous entrons dans le lagon de Cayos Limon West où une épave de voilier accroché sur le récif nous rappelle qu’une petite erreur de navigation peut vite arriver… alors prudence. Quelques raies-aigles nous passent sous la coque et des bancs de poissons bondissent à notre passage. L’instinct de pêcheur de Laurent est en état d’alerte. Nous retrouvons Shenaza qui est à l’ancre. Après plusieurs tentatives, le mouillage est trop risqué car si le vent bascule, on se retrouvera rapidement sur le corail. Alors nous décidons de monter sur Chichime qui est idéalement placé pour rejoindre Portobello et aurait plus de possibilités de mouillage. C’est reparti une bonne heure de nav.
Chichime
Arrivés à Chichime, nous faisons le tour des voiliers pour obtenir les dernières nouvelles météo. Elles ne sont pas favorables. Le vent doit tourner à l’ouest ce qui nous obligerait à faire le trajet sous voile au large en tirant des bord ou la route directe au moteur. Après discussion, l’option Portobello tombe à l’eau et nous décidons de rester à Chichime.
Est-ce un problème ? Non, pas vraiment. L’endroit est encore un autre petit coin de paradis. Deux îlots couverts de palmiers nous encadrent. Au Nord le récif sur lequel vient se briser la houle et le lagon qui nous tend les bras. Au Sud, la passe nous offre un superbe spot de pêche. Le récif qui affleure sous la surface s’incline et tombe en une cascade de corail sur le sable blanc, une dizaine de mètres plus bas. Dans la pente, une grande épave de voilier. Alors le rythme infernal de la vie tropicale reprend rapidement le dessus.
Départ
Toutes les bonnes choses ont une fin paraît-il. Alors nous voici de retour à Porvenir. La lancha s’approche du bateau, il est l’heure de laisser nos hôtes retrouver la tranquillité de la croisière à deux. Je saute à bord de la lancha et rapidement Laurent, Cora et le Black Pearl disparaissent au loin.
Loic&Tom: Au revoir mes amis ! Un grand merci pour ce moment passé avec vous, pour ce moment au goût de paradis. Bon vent à vous. On se voit bientôt en Ardèche pour le mariage !
Une réponse à San Blas – semaine avec Loic et Thomas -(ancien post nov 2012)