Quelle déception pour vous chers lecteurs….. Les caméras n’ont pas bien fonctionné….. Comme dirait mon frère: « Pour le prix que nous coute la traversée du canal, ils pourraient au moins avoir du matériel qui fonctionne »….. Mais voici l’explication: vous avez été tellement nombreux à vous connecter que le système a été surchargé… Eh oui, c’est cela d’avoir autant de fans!!!
Mais pas de soucis, nous avons prévu un rattrapage…. Alors voici les détails du passage du Black Pearl dans l’océan Pacifique (en photo et en film)….
Nous quittons Linton le vendredi 25/01 au petit matin, où nous laissons Alfred le dromadaire. Nous avons 25 miles à faire jusqu’à Colon, où nous passerons la nuit avant le grand départ…. La traversée se fait sans encombre: le vent est bon et nous avançons vite… Tellement vite que nous doublons allégrement nos amis de Shenasa (partis avant nous) alors que nous trainons la dinghy…. Cependant nous ne fanfarons pas bien longtemps lorsque nos copains nous annoncent avoir pécher 2 gros thons!!!! C’est la déprime pour Laurent, qui ira faire un peu de boudin au fond du bateau….Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir la meilleure panoplie de rapala, toutes couleurs et formes confondues…. Pauv’ Lolo! Parfois il faut se rendre à l’évidence: la pêche à traîne, nous ait un peu moins inné qu’à d’autres…..
En arrivant, Tito notre « agent » nous remet les pneus pour protéger la coque du bateau ainsi que les bouts (lignes) qui nous permettrons de nous amarrer dans le canal. Puis nous partons faire un avitaille rapide pour recevoir nos handliners – les copains qui viennent nous donner un coup de main….
La bande arrive samedi vers midi… Nous vous présentons donc l’équipage au grand complet:
Miss mousse alias Cocotte la jambe de bois devenue capitaine officiel de la traversée…. (avec effectivement un genou en moins)
Captain Corco alias Lolo à tout faire, capitaine en second pour la traversée
Micka alias videur de plats et mousse à tout faire,
Myriam alias babysitter, caméraman, intendance, et Mouss venue direct du Québec
Tomoé alias micro mousse et capitaine Baby
Nous slalomons entre les cargos pour rejoindre le flat, la zone où les bateaux qui vont traverser le canal attendent leur « advisor », la personne chargée de donner les directives à bord.
Aussitôt arrivés, nous n’avons même pas le temps de mettre l’ancre que notre advisor arrive déjà sur le bateau. Il faut reconnaître qu’ils sont agiles ces advisors pour sauter d’un bateau à l’autre.
Le départ est donc imminent pour le passage du canal! Nous faisons la connaissance de Francisco qui nous accompagne pour les trois premières écluses, jusqu’au lac Gatun.
Pour Laurent et moi, ce n’est pas une première! Nous avons déjà traversé le canal en décembre. Pas de surprise lorsque nous nous mettons à couple des deux autres bateaux qui traversent avec nous…. Nous ressemblons ainsi à un plus gros bateau, moins sensible aux effets de bourrasques et de tourbillons. Dans ce cas précis, le bateau central est celui qui manœuvre le convoi. Bien évidemment les bateaux latéraux sont amenés à l’aider en jouant sur les marches arrières/avant si besoin. Normalement, l’amarrage des lignes envoyées par le canal pour stabiliser le convoi, est géré par les bateaux latéraux. Mais le gros cata central a décrété que notre Black Pearl ne pourrait pas assurer. Pour reprendre leurs mots, ils ont dit : » notre équipage est grand et fort »…. Il faut dire qu’à bord du Black Pearl, la présence féminine est prépondérante: 3,5 femmes (dont un capitaine jambe de bois) pour 2 hommes. Cette anecdote met de nouveau en avant le machisme du milieu marin….. Le bon côté des choses, c’est qu’à bord du Black Pearl, les handliners n’auront rien à faire!!!!!
Les écluses du canal de Panama qui élèvent les navires de 25,9 mètres depuis le niveau de la mer jusqu’au canal de Panama étaient un des plus gros travaux d’ingénierie entrepris à leur époque. Aucune autre construction en béton de cette taille n’a été entreprise jusqu’au barrage Hoover dans les années 1930. La longueur totale des écluses en incluant les murs d’approche est de plus de 3 kilomètres.
On trouve trois ensembles d’écluses dans le canal. Un ensemble à trois étapes à Gatún amènent les navires au niveau du lac Gatún, un ensemble à deux étapes à Miraflores et d’une étape à Pedro Miguel ramènent les navires au niveau du Pacifique.
Les chambres font 33,53 mètres de large (110 pieds) et 320,0 mètres de long (1050 pieds), avec une longueur utilisable de 304 8 mètres (1000 pieds). Le dénivelé total atteint 25,9 mètres mètres : à Miraflores, le dénivelé est de 16,5 mètres, complété de 9,5 mètres à Pedro Miguel. Le dénivelé de Miraflores varie selon la marée du Pacifique, de 13,1 mètres à marée haute à 19,7 mètres à marée basse. Du côté Atlantique, les marées sont très faibles.
Les chambres des écluses sont en béton. Les murs de côté sont larges de 13,7 à 15,2 mètres à leur base, réduites à 2,4 mètres au sommet. Le mur séparant les deux chambres fait 18,3 mètres de large et abrite trois galeries : la plus basse est un tunnel de drainage, la suivante sert aux câbles électriques, et celle du haut permet aux opérateurs d’accéder aux machines des écluses.
Le cargo, avec lequel nous traverserons les trois écluses, est déjà engagé dans la première. A notre convoi d’entrer.
En haut de l’écluse, le responsable nous envoie les « touline » – un bout lesté d’une petite boule d’environ 8cm de diamètre . Une fois reçue, le handliner accroche la ligne amarrée au taquet du bateau. Le responsable du canal remonte alors notre bout qu’il accroche à une bit. En jouant sur la tension du bout, les handliners veillent à la stabilité transversale des 3 bateaux. Les portes de l’écluse se ferment alors. Lorsqu’il ne reste plus que quelques centimètres, c’est la simple pression de l’eau qui fermera hermétiquement les portes. Ces portes ont une taille énorme, de 14,3 à 25 mètres de haut selon leur position et de 2,1 mètres d’épaisseur. Les mécanismes d’origine des portes consistaient en d’énormes roues entraînées par des moteurs électriques, attachés à un axe lui-même relié au milieu de la porte. Ces mécanismes ont été remplacés par des vérins hydrauliques en janvier 1988, après 84 ans de service.C’est impressionnant de voir toute cette ingénierie qui n’a pas changé depuis le 1913.
Les bateaux stabilisés, les portes fermées, voici que les vannes sont ouvertes libérant ainsi de grandes quantités d’eau provenant uniquement de la pluie et du lac. C’est donc pour cette raison que le canal s’est construit à cet endroit.
Plusieurs remous sont visibles.
Le Black Pearl gravit en quelques minutes 9,5m. Un vrai ascenseur pour bateau. Du haut du premier étage, nous apercevons nos amis de Shenasa qui se mettent à couple.
Et voilà c’est reparti pour un tour. La manipulation est identique dans les 3 écluses de Gatun.
A la sortie des 3 écluses, les trois bateaux se détachent…. Le cata du centre qui jusqu’à présent n’a jamais bien manœuvré l’ensemble du convoi, se rapproche un peu trop près de la paroi gauche, à savoir la plus proche du Black Pearl. Nous manquons d’encastrer notre éolienne contre le mur. Heureusement pour nous, le cata rectifie la trajectoire, et nous sauvons notre éolienne. Oufff c’était moins une….
Une belle nuit sur le lac Gatun nous attend. Les trois bateaux doivent s’amarrer sur une énorme bouée. En effet, sur la seconde prévue à cet effet, est amarré un bateau « mouche » très chic de touristes qui ne veulent pas être perturbés. Lorsque Shenasa arrive une heure après nous, ils s’amarrent à notre babord. Un bon apéro à bord du Black Pearl permet de fêter, avec les deux équipages, cette première étape. Demain le réveil sera très matinal, puisque les « advisors » devraient arriver sur les coups de 6Ham… A bord du Black Pearl, le Captain Corco, a déjà tout prévu et le diner ne tarde pas à être servi: ça tombe bien, l’ensemble de l’équipage rêve d’une bonne nuit de sommeil. Par contre de l’autre coté à bord de Shenasa, le diner tarde et les bouteilles de rhum se vident, ce qui explique une ambiance euphorique… C’est sûr les voisins vont détester les français!!!!!
Le lendemain, notre amie Myriam toujours debout très tôt, monte sur le pont avec l’idée de se prendre un bain matinale avant le départ. Tout est calme, tout le monde dort encore…. Mais aussitôt sur le pont, les advisors arrivent et sont lâchés sur les différents bateaux! Pauvre Myriam le bain est annulé, il faut partir!!
L’équipage du Black Pearl presque réveillé au grand complet, largue les amarres vers 6Ham…. Nous avons quelques dizaines de milles à parcourir sur le lac Gatun, soit 6 bonnes heures de moteur….Il ne faut pas trainer si nous ne voulons pas avoir de pénalités. Le moteur est poussé à 1800-2000 tours/min afin de garder une vitesse supérieure à 5kts.
Laurent et moi sommes contents de retrouver Osvaldo avec qui nous avions passé les premières écluses en décembre… Il est bien sympathique et nous sommes aux petits soins avec lui…. Le paysage est magnifique voir même magique, les premiers rayons de soleil apparaissent et pénètrent les nuage. Nous sommes entourés de végétation luxuriante. Nous croisons de temps en temps un gros cargo qui fait route vers la Caraibe.
Comme l’eau du lac est douce, Laurent, aidé de Micka se lance dans un grand nettoyage de pont. Nous frôlons la mutinerie. La gente masculine crie haut et fort à l’injustice! Ils veulent reprendre le pouvoir sur la gente féminine.
Le Black Pearl ayant un bon moteur, nous arrivons sans encombre, et à l’heure, à l’écluse de Pedro Miguel. Le convoi a changé: le cata du centre Extravagancia trop rapide pour nous est passé seul. Nous avons donc récupéré un autre cata qui se retrouve également au centre. Cette fois-ci plus petit, nous sommes invités à reprendre nos fonctions initiales de handliners. La mise à couple est bien plus facile qu’hier, puisqu’il nous laisse gérer la manœuvre sans bouger.
De ce côté-ci, les 3 écluses ne s’enchainent pas comme hier. Tout d’abord il faut passer la première Pedro Miguel, à la suite de laquelle on parcours à nouveau un mile avant d’enchainer les 2 dernières de Miraflores… Il y a donc deux lancés de boulettes (cf vidéo). Cette fois, la technique diffère légèrement. En effet, nous prenons « l’ascenseur » dans le sens de la descente, il va donc falloir reprendre les bouts au lieu de donner du mou pour stabiliser le convoi dans l’écluse. Notre équipe de Handliners est briefé et assure un max.
Nous arrivons à la dernière écluse, attendus par un public déchainé!!!! Ils nous bombardent de photos, nous avons l’impression d’être des stars! Micka, d’ailleurs, fait honneur à nos spectateurs en leur criant en espagnol des mots doux!
Micro-Mouss assure son rôle de Capitaine Baby à la barre!
Puis les portes de la dernière écluse s’ouvrent sur le Pacifique! ça y est nous y sommes!Black Pearl est de l’autre côté.
C’est l’euphorie à bord, puisque pour tous c’est la première fois!!!! Tout le monde n’a qu’une seule envie: prendre un bain dans l’océan Pacifique!
Mais bizarrement l’eau est très froide (moins de 20°) et l’air ambiant froid!!!! Sachez que nous n’avons jamais eu autant de mal à supporter notre douche froide!!!! Elle est maintenant glacée!!! Osvaldo nous apprend qu’il y a un courant d’eau froide pendant 2 mois. Et oui c’est l’hiver! nous ne rêvons à présent que de la bonne douche chaude que nous prendrons en France!
Notre équipage reste parmi nous une dernière soirée afin de clôturer cette belle aventure!!!! A bord du Black Pearl, les 2 capitaines se préparent à rentrer en France! C’est donc la fin de la première partie de nos aventures!
Pour des informations complémentaires et techniques:
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cluses_du_canal_de_Panama
3 réponses à A nous le pacifique –