Moby dic en vue!

Suite à notre découverte d’une partie de l’Atlantide, nous reprenons notre route vers Cariacou! 8H de nave sont prévues et il ne faut pas arriver de nuit à un mouillage, ça peut s’avérer dangereux.

Nous suivons un beau bateau qui longe également la côte de Grenade. Comme nous, il est au moteur, GV sortie. Laurent aimerait que nous remontions un maximum le long de la côte nord, car le courant dans le canal est généralement fort, pouvant atteindre 3 nds, et dévie à l’ouest de Cariacou. Le vent est, lui, normalement Est/Nord-Est, donc si nous remontons bien au Nord-Est de Grenada, en navigant au près et en prenant en compte le courant, nous de devrions pas être amenés à tirer beaucoup de bords.

Rappelons qu’entre les deux îles se trouve également le volcan sous-marin qui rentre périodiquement en activité, crachant et éructant dans les profondeurs. Il faut donc contourner le cercle circonscrivant la zone pouvant être dangereuse. A hauteur de david Point, la pointe Nord Ouest de Grenada, deux possibilité s’offrent à nous: tracer directement en direction de Cariacou ou continuer à longer la côte jusqu’à la pointe Nord Est (Levera Island). Le bateau devant nous s’engageant dans le canal, nous le suivons! Nous sortons le Génois et coupons le moteur. Le vent étant assez fort (20 noeuds) nous préférons mettre 2 ris à la GV

Pour ceux qui comme moi ne sont pas experts en voile, la GV possède 4 positions: GV complètement sortie, GV avec 1 ris / 2 ris ou 3 ris. Lorsque le vent s’annonce un peu fort, il est préférable de ne pas sortir la GV dans son intégralité et de choisir la position la plus adécquate. Jusqu’à présent, nous avons toujours navigué avec un ris, la force du vent étant inférieur à 20noeuds. C’est pourquoi, pour cette traversée, nous choisissons la sécurité en diminuant la surface de la GV en prenant le 2ieme ris.  Nous voilà donc engagés, nous aussi dans le canal. Malgré la force du vent, on se traine un peu à cause du courant. Nous n’osons pas reprendre un ris, car le vent reste tout de même supérieur à 20nds. Nous avons du mal à capéer pour tenir la route sur Cariacou, on sent bien qu’on est déporté à l’Ouest de l’île. On s’aperçoit également que le bateau que nous suivions, est finalement resté au moteur, d’où son cap parfait au Sud Est de Cariacou. Ok suivre le bateau n’était pas la meilleure option, on aurait du longer plus longtemps la côte comme l’avait annoncé Laurent. A ce moment là, nous sommes conscients que la traversée durera certainement plus longtemps et qu’il faudra compter sur quelques bords pour arriver à bon port.

Malheureusement, nous faisons une deuxième erreur. Vers 13H00, nous avons évité la zone volcanique mais également confondu les îles de ce secteur  (île ronde,île de caille etc..) avec la pointe Sud de Cariacou. C’est sûr, la traversée prendra beaucoup plus de temps mais nous espérons encore arriver avant la nuit. Le timing étant tout de même serré, nous abandonnons l’idée du mouillage forain près d’une île déserte, et nous rabattons sur le mouillage réputé facile de Tyrell Bay.

Il ne nous reste plus qu’à prendre notre mal en patience en sortant notre matériel de pêche. A Grenada, nous avons acheté quelques nouveautés et sommes bien confiants de notre réussite!

 

Nous mettons donc à l’eau Spartacus et Bob, respectivement, l’appât, un gros calamar orange (car les couleurs foncées, parait il, attirent plus les gros poissons) et le leurre (un petite calamar rose), sur une première ligne.  Sur la seconde, nous nous limiterons à un tout petit poisson de son petit nom, Ti blue .  Mais voilà, la pêche à la ligne, c’est bien lorsqu’on ne change pas de bord, surtout lorsqu’on a décidé d’utiliser deux lignes en même temps…. Ce qui devait arriver, arriva, un tour sur nous même et les deux lignes se retrouvent emmêlées autour du safran (notre gouvernail). Ce qui veut dire en clair que nous ne pourrons pas réutiliser le moteur, si nous ne défaisons pas ce méli-mélo avant. Pendant, que je reste à la barre pour maintenir le bateau immobile, Laurent va à nouveau risqué sa vie. Si si, c’est vrai! En pleine mer, par plus de 100m de fond, il se jette à l’eau masque et tuba sur la tête, accroché à un bout qu’il le relie au bateau. En effet, avec 3 noeuds de courant, j’aurais vite fait de perdre mon Laulau au large!!!  Quelques minutes plus tard, (parce que maintenant, il est champion en apnée), il ressort, les deux lignes démêlées.  Nous choisirons donc de n’utiliser qu’une seule ligne par la suite. Ce n’est quand même pas très prudent de se mettre à l’eau en pleine mer!

Comme nous n’avons encore rien pris, nous varions les techniques:

– tirer sur le fil pour remonter et faire descendre Spartacus et Bob

– les mettre près du bateau

– les mettre loin du bateau

Bref rien n’y fait, la pêche ne s’annonce pas très bien.

En approche des côtes de Cariacou, toujours à cause du courant et de la tombée de la nuit qui ne devrait pas tarder, nous remettons le moteur. Tout d’un coup, Laurent crie: « tas vu ça ? »

« Mais quoi donc? » « Ah oui le jet d’air ! Une baleine? »

Nous sommes à côté d’une baleine, Moby de son petit nom. Je crois n’en n’avoir jamais vu une d’aussi près! Mais malheureusement le temps de descendre chercher l’appareil photo,  notre baleine s’éloignera tout doucement. On a quand même hésité à mettre le bateau à l’arrêt, et sauter pour la voir de plus près…. Mais d’une part, c’est un coup à ce que le bateau parte sans nous, et d’autre part j’avoue ça fait un peu peur aussi dans plus de 200m de fond!

Finalement quelle chance d’avoir été déportés par le courant et de pouvoir profiter de ce beau spectacle en fin d’après midi. Plus de doute, notre mouillage sera nocturne. Nous lisons et relisons le Patuelli (notre bible), étudions avec soin le relief sur la tablette. Tirell Bay est annoncé comme mouillage facile et vaste….. Et bien facile ou pas, nocturne, tout se complique….

Je suis à la barre, ne lâchant pas de vue le profondimètre et la tablette. Laurent, lui est à la proue, scrutant l’horizon pour éviter les bateaux déjà mouillés….. Tout d’un coup il me demande quel est l’îlot en plein milieu sur lequel nous sommes en train de foncé. Mais la tablette n’annonce aucun îlot. Des phares de voiture se déplaçant sur le contour de la forme en question, nous induisent en erreur et nous pensons qu’il s’agit d’un effet optique de la côte au loin. Et là à quelques mètres, nous nous rendons compte que c’est en fait un bateau en plein milieu de la baie. Il est tant de chercher la Mag-lite, car dans la nuit la visibilité est loin d’être claire. Nous échangeons les postes. On croise des français qui nous assurent qu’en s’avançant dans la baie, il reste pas mal de place. ça tombe bien, mouiller au delà de 7m de fond, on l’a bien vu à Trinidad, ce n’est pas raisonnable. Tout d’un coup nous réalisons combien les feux de mât, que l’on allume lorsqu’on est au mouillage pour signaler sa présence, sont réellement important. Malheureusement tous les bateaux, ne les ont pas allumés! Pas de courant, pas de vent, nous avons diminué les gaz et avançons très lentement afin d’éviter d’éventuelles collisions. « Bateau à tribord! bateau à babord! » En fait il y a des bateaux partout!!! Le stress monte un peu, quand enfin nous trouvons une énorme place avec peu de fond…. Un coup d’oeil rapide sur la tablette, pas de chance, il y a une épave qui gît et qui pourrait donc entraver notre ancre! Demi tour, nous retournons au milieu des bateaux!

Très prudents, nous contournons à nouveau quelques bateaux et repérons cette fois-ci une excellente place. Je reprends la barre et Laurent se positionne à l’ancre. Face au vent, on s’ancre admirablement bien de nuit, dans 5m de fond, aucun bateau dans notre champs d’évitage. OUFFFFFF on y est arrivé!!!!

Voici à quoi ressemble notre mouillage de jour:

 

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