En Polynésie, la perliculture représente une activité importante. Aux Gambier, les eaux relativement fraîches permettent la production de perles de qualité. Au cours des dernières années, bien que très éloigné des foyers majeurs de peuplement de la Polynésie française, l’archipel a vu sa population augmenter grâce à l’activité perlière et à l’exploitation de la nacre.
C’est à l’époque de Laval que commence l’essor de la perle de Tahiti. Les missionnaires bâtisseurs vont promettre le paradis aux Mangaréviens qui leur ramèneront le plus d’huitres perlières… Les perles noires (Poe Rava) ainsi récoltées étaient revendus aux navires de commerce qui venaient d’Amérique du Sud ou d’Europe. C’est ainsi qu’ils ont pu financer leur ambition démesurée de construction d’un paradis catholique.
Cependant, à l’époque, la perliculture n’existait pas, la fabrication de la perle était aléatoire. En effet, à l’état naturel, une huitre ne produit une perle que lorsqu’un corps étranger s’est accidentellement introduit dans sa coquille- fait rarissime. Les Mangaréviens plongeaient en apnée, récupéraient les huitres, et découvraient si celles-ci renfermaient une perle.
Aujourd’hui, la perliculture a nettement évolué. Il s’agit de reproduire le mécanisme naturel, en procédant à un élevage méthodique. On distingue quatre grandes étapes:
– le collectage
– le détroquage et élevage
– la greffe
– la récolte
Toujours mouillés en face de Tarauru Roa, nous faisons la connaissance de Eric. Il a une ferme perlière au bout de l’île qu’il nous invite à visiter… Cet après-midi, ils vont greffer les huitres. Nous abandonnons nos kites pour une visite culturelle…
Nous vous avons parlé des bouées entre lesquelles il faut parfois slalomer. Au dessous de celles-ci sont suspendues des supports artificiels qui captent les jeunes nacres – naissain. On les attache ensuite sur des lignes d’élevage sous-marin. Elles doivent être régulièrement contrôlées car au fur et à mesure que les huitres grandissent, elles grossissent et pèsent plus lourd. Il n’est pas rare qu’une ligne de collectage coule, entrainée par le poids des nacres. Le début de la ligne peut se trouver alors à 10m de profondeur alors que la fin de celle-ci peut avoir coulé à 50m…
Lorsque l’huitre perlière arrive à maturation, et qu’elle est apte à la greffe, elle peut être utilisée pour fabriquer 2 à 3 perles.
La greffe est l’étape décisive du processus. Lors de celle-ci, il s’agit de maintenir entre-ouverte l’huitre à l’aide d’une cale. Elle est ensuite présentée au greffeur. Celui-ci, au moyen d’un scalpel, incise par l’arrière la gonade (organe reproducteur) et y dépose e greffon. Il introduit ensuite une bille parfaitement sphérique de 6mm de diamètre, le nucleus. L’opération ne dure que quelques secondes. Ici les greffeurs sont chinois. Ceux-ci possèdent un savoir-faire incomparable et une efficacité défiant toute compétitivité (D’après Eric) pour réaliser cette greffe stricto sensu. De la précision de leur geste et de la qualité de la découpe du greffon, vont dépendre la qualité de perle. Le secret de la réussite réside donc dans le choix d’un bon greffeur.
La perle des Gambier est connue comme la perle noire ce qui est un peut réducteur puisque le spectre est large allant du blanc nacré au noir en passant par l’aubergine, le champagne et l’aile de mouche. Cependant, la couleur recherchée est un vert foncé avec de nombreux reflets. C’est le greffon, morceau de tissu sécrétant la nacre de la coquille, qui est responsable de la couleur.
Il faut sacrifier une huître parfaitement saine, dite huître donneuse. Un morceau de son manteau est prélevé et débité en une cinquantaine de minuscules lambeaux. Ce sont les greffons.
Une fois l’opération achevée, les cellules du greffon se développent autour du nucleus pour former le sac perlier qui, une fois fermé, fabriquera la matière nacrière.
Les huitres greffées sont ensuite disposées dans des filets puis réimmergées verticalement dans le lagon. Des couches concentriques de nacre vont petit à petit se déposer pour constituer une perle de culture. Le rythme annuel est d’environ 1mm par an.
Elles sont cependant régulièrement nettoyées, débarrassées des al