Après avoir longuement trainé, nous voilà sur le départ, cette fois, imminent. Même si nous avons failli avoir des difficultés avec la douanes. En effet, nous sommes arrivés presque à l’heure de fermeture. Le douanier peu content, nous a demandé l’heure à laquelle nous pensions partir le lendemain… « Début de matinée » répond Laurent… « Revenez demain matin », dit alors Mr Le Douanier… commence alors une discussion sur un ton ironique sur notre heure de départ devenue à présent 7H30 pour éviter de revenir…. Le douanier, nous promet alors un passage tôt dans la matinée, et une expulsion radicale si nous sommes encore là après 8H…. Tout ceci sur le ton de la plaisanterie (humour british). La vérité c’est que Mr le Douanier se voyait déjà fermer l’office avant les 16H30, après la visite de charmantes jeunes filles, et que 3 plaisanciers (Bernard/ Beatrice, nous et un autre) ont ruiné ou retardé ses plans. Lorsque nous indiquons notre prochain port, Mr. le douanier nous dit : « Dont go to Venezuela, it is really dangerous! Better stay in Grenada!! »
Voilà pour l’anecdote!
Départ à 8H40, sans douanier à l’horizon. Bernard comme Laurent, n’aime pas le moteur. Nous hissons donc aussitôt les voiles. Le vent nord-est est plutôt faible 6/7 noeuds et la mer calme. Pour éviter que le Génois claque trop, Bernard propose de le tangonner: une première à bord du Black Pearl. La manœuvre n’est pas vraiment délicate par vent faible, cependant profiter de l’expérience et donc des conseils de Bernard et Béatrice est rassurant. Nous avons de la chance, nos deux bateaux voguent à peu près à la même allure, avec les mêmes réglages. Nous avions peur d’être un peu à la traine, hors quand on navigue en flottille, cela peut être désagréable d’en avoir qui ralentissent les autres.
Nous avons environ 180 miles à parcourir jusqu’à la Blanquilla soit, à raison de 5 noeuds, 36 heures. Lorsque notre allure devient vent arrière, nous mettons nos voiles en ciseaux. Beaucoup plus évident lorsque le Génois est tangonné.
Nous avons donc un maximum de surface qui prend le vent. Notre vitesse augmente et avoisine les 6 noeuds pendant les prochaines 24h. De quoi gagner quelques heures sur le timing initial.
Pendant la nuit, le vent forcit un peu. Nous avions malheureusement gardé toute notre voilure. Nous prenons donc deux ris à 1H30 du matin. Cocotte au mât, Lolo au piano dans le cockpit, nous gérons parfaitement bien: les doigts dans le nez comme on dit!!.
Au fur et à mesure que nous nous rapprochons des côtes vénézuéliennes, nous naviguons plus proches l’un de l’autre pour des raisons de sécurité. La VHF est constamment allumée sur le canal 69. Nous nous informons ainsi de chaque manœuvre, de chaque bateau en vue, de chaque lumière à l’horizon. Petit à petit, Bernard et Béatrice nous distancent. Dans la nuit, les distances sont difficilement appréciables. A tour de rôle, nous réglons nos voiles pour optimiser notre vitesse, mais rien n’y fait, jusqu’à ce que Bernard réduise sa voilure. Puis c’est à notre tour de les devancer. Je ne sais pas si c’est l’excitation de retourner en Amérique du Sud, mais je n’ai pas sommeil. J’assure donc la majeur partie des quarts nocturnes. Mais au petit matin, morte de fatigue je capitule.
Je suis réveillée par Laurent vers 8H… Une « lancha »,-bateau de pécheurs vénézuéliens -s’approche…. Un moment de suspens. Les deux bateaux sont aux aguets. Nous avons resserré les rangs. Quelques mètres nous séparent. A l’intérieur, nous cachons ordinateurs, appareils photos, caméras, bref tout ce qui a de la valeur…. J’ai du mal à imaginer une lancha nous aborder. Selon moi, leur taille est trop imposante pour se mettre à couple dans du petit temps. J’imagine plus les pirates à bord de peñero (petits bateaux à moteur puissants, qu’ont les boys boat dans la caraïbe). Je ne suis donc pas trop stressée comparée à Lolo (bon c’est quand même moi qui suis allée cacher les objets de valeur!)…. Laurent ne quitte pas la lancha de vue. Celle-ci vient droit sur nous!!! Puis après nous avoir dépassé, nous pensons être sortis d’affaire.. Pas du tout. Celle-ci fait demi tour, et continue à nous suivre. Pour info, nous sommes toujours à 6 noeuds alors que la lancha, elle, peut facilement aller jusqu’à 15 noeuds… Donc autant vous préciser qu’il est impossible de les semer…. Nous nous retrouvons donc complètement à leur merci, s’ils décident d’attaquer….
Grâce à la lunette monoculaire de son grand père Corcodel, Laurent vient d’apercevoir quelque chose…… Il s’écrit soudain: « Coraline ils ont lancé un filet! ce sont des pécheurs!!!! ouffffffffffffffffffff! » Nous appelons aussitôt Bernard et Béatrice à la VHF qui ont également vue la mise à l’eau du filet. La pression retombe aussitôt. Nos deux bateaux s’éloignent à nouveau raisonnablement pour la suite du voyage.
On nous avait assuré que le Venezuela est un paradis pour la pêche à la traine. Comme à notre habitude, nous avons nos deux lignes à l’eau.(2 lignes = 2 fois plus de chances!). Aussitôt mise à l’eau, nous apercevons, un énoooooooorme poisson bleu turquoise qui fonce à 90° sur notre leurre bleu. Il l’avale, et nous commençons à remonter la ligne… GROSSE ERREUR……. En effet, nous aurions du ralentir le bateau, et donner du mou dès que le poisson forçait. Et inversement, remonter lorsqu’il ne tire plus…. Mais sur le pont c’est l’euphorie…. On se lèche déjà les babines de tout ce que nous allons pouvoir manger…. Impatients, nous remontons trop vite la ligne que nous avons enroulée autour du winch, tellement la force de traction est importante. Et là c’est le drame!!!!!!! plus aucune tension…. nous avons perdu notre énooooorme poisson et tous les sushis qui allaient avec… Et pour couronner le tout, il a bouffé notre leurre bleu qui s’était montré prometteur….
Vers 15h, les côtes de la Blanquilla, une petite île vénézuelienne très plate (située à 50miles au nord de Margarita), se dessinent à l’horizon. Il nous faudra encore 2 heures pour s’ancrer à Playa Yaque en face des deux palmiers. Nous avons mis 33 heures pour arriver à destination! Ici c’est sable blanc et eau turquoise, c’est encore plus beau que les endroits que nous avons découverts jusqu’à présent. Deux bateaux sont mouillés dans la baie.
Morts de fatigue, nous ne tardons pas à aller au lit… Pensant avoir un peu plus de résistance, je me lance dans un film… Quelle mauvaise idée!!!! J’achèverai dans la nuit mon écran de PC, en le martelant de coup de talon… Et oui, j’ai du m’endormir dessus dans les 30min qui ont suivi le début…. Bravo Cora! Un post suivra sur cette anecdote dont la fin n’est pas si tragique!
Le lendemain, c’est repos…. Nous gonflons notre canoé pour découvrir les fonds marins réputés pour être exceptionnels. Nous ne sommes pas déçus…. De gros poissons, très colorés… Ils sont encore plus beaux qu’aux BVI. Nous ne résistons donc pas à l’appel de la pêche… Nous attrapons ainsi notre premier poisson (une Gorette) ainsi qu’un poulpe. Un coup de chance, car étant donné la taille de notre fusils, il est exceptionnel d’en choper. Victorieux de cette prise nous renouvelons notre attaque. Il faut dire qu’il y en a une bonne vingtaine. Je gigote dans l’eau pour les effrayer et les ramener sur Laurent, qui tapis, les vise au plus près. Tout ceci en vain….
Nous faisons la connaissance d’un couple de notre âge (très rare jusqu’à présent!!) Elo et Micka avec leur petite fille de 3 ans Tomoé qui nous invitent à passer la soirée sur Inoua.
Elo et Micka habitent la Guyane, ils sont partis pour 3 ans, jusqu’à ce que Tomoé entre au CP. Elo a vécu toute son enfance sur un voilier, et en garde de merveilleux souvenirs. Mais étonnamment, au sein de la nouvelle génération de plaisanciers, il y a peu d’enfants contrairement à son époque. Même chose pour les « jeunes » de notre âge. Il faut dire que la plupart des plaisanciers sont essentiellement de jeunes retraités. Au cours de la soirée, nous échangeons nos différentes expériences et anecdotes. Ils vont également à Bahia Redonda à Puerto La cruz, ce sera donc sympa de les retrouver là bas.
Le lendemain, d’un commun accord avec Bernard et Béatrice, le thème de la journée est farniente. L’occasion d’aller à terre se dégourdir les pattes. La végétation est assez sèche. L’île est peuplée d’ânes sauvages.