Kaoha les Marquises

Durant les derniers jours de nave, le temps commence à paraître long…. « Comment a-t-on pu supporter 28 jours de navigation? » est la grande question qui trotte dans nos esprits… Dans la nuit de jeudi à vendredi, le ciel est chargé, annonçant qu’il y aura certainement quelques grains. D’un coup, le vent forcit et change de direction, il faut régler les voiles puis prendre un ris. Quelle surprise lorsque nous découvrons Enzo, un oiseau posé sur le pont. Nous le récupérons tant bien que mal pour le mettre à l’abri dans le cockpit. Au petit matin, il s’agite et réussit à se fourrer au fond du casier arrière où on stocke notre survie. Une opération de sauvetage s’organise, et nous l’installons confortablement dans un bac pour qu’il ne puisse plus s’évader. Nous le relâcherons à l’arrivée. On entreprend de le nourrir avec notre poisson séché, qui ne semble finalement pas être à son goût. Une légère houle croisée rend un peu inconfortable les derniers miles. Mais nous ne nous plaignons pas, car le Black Pearl file entre 5 et 7 noeuds. A cette vitesse nous devrions arriver ce vendredi soir à Fatu Hiva….La règle d’or est certes, de ne jamais arriver de nuit dans un mouillage que l’on ne connait pas… Cette fois-ci, nous enfreindrons la loi car nos « mentors du pacifique » Céline et Matthieu de Shenasa « à cause de qui  » mais surtout « grâce à qui » nous sommes aujourd’hui ici, nous ont assuré que la grande baie de Hanavave permet, sans difficulté, un mouillage nocturne. Ils nous conseillent même vivement d’arriver de nuit… A ce qu’il parait le spectacle au réveil serait fantastique. Vendredi en fin d’après-midi, les côtes de Fatu Hiva se dessinent à l’horizon. Un gros caillou aux falaises abruptes, c’est la dernière vision que nous avons avant que le soleil ne se couche. La nuit tombée, nous remettons au moteur la côte sous le vent de l’île… La lune, à son premier croissant, illumine suffisamment pour distinguer la muraille rocheuse, que nous longeons, qui tombe à pic dans une mer complètement plate. Dans cette pénombre, le relief ressemble un peu à St Vincent, ou Ste Lucie. Plus que quelques minutes et nous serons arrivés. Déjà un climat quelque peu mystique s’installe autour de nous. Enfin, nous approchons de la baie de Hanavave. Petit à petit, nous apercevons un feu de mouillage, puis deux, puis trois, puis….. « Dis donc, c’est qu’il y en a vraiment beaucoup des bateaux mouillés dans cette baie!! » En arrivant les derniers il serait logique de se positionner en dernière ligne… Mais voilà, le problème est qu’en s’approchant des derniers bateaux, le profondimètre affiche 35m …. Impossible pour nous de mouiller par une telle profondeur… Il va donc falloir se faufiler entre les différents voiliers… Laurent à l’avant, éclaire le passage avec notre méga spot. Il est près de 22H, tout le monde dort. Malheureusement les fonds remontent très doucement, il faut donc encore s’approcher, presqu’en première ligne….Plus on avance et plus la baie se resserre au pied de deux immenses falaises… Enfin du moins ce que l’on en distingue…. Tout doucement, nous avançons. Quelques fois des rafales descendent de la montagne et le bateau perd légèrement sa trajectoire. « Facile??? Peut-être avec un peu moins de bateaux, mais appréhender les distances, ce n’est pas toujours facile de jour alors de nuit, ça l’est encore moins… Heureusement Matthieu avait, au préalable, repéré la position GPS de leur mouillage par 10m de fond… Enfin, nous trouvons un emplacement qui semble être assez distant de tous les voisins… Nous remontons au cul du premier bateau de la baie, et hop d’un coup Laurent envoie l’ancre. Nous reculons sans toucher le premier voisin, et arrivons à quelques mètres de notre autre voisin…. Matthieu et Céline nous ayant vanté la bonne accroche des fonds, nous leur faisons entièrement confiance. Nous mettons quand même l’alarme de mouillage juste au cas où. Le temps de ranger un peu le bateau, nous installons ensuite Enzo sur le pont, au cas où il déciderait de voler de ses propres ailes dès le lever du jour… Malheureusement, le pauvre n’a pas survécu… Aussi rigide qu’une pierre, notre oiseau a rendu l’âme en arrivant aux Marquises…. Et hop, à l’eau Enzo! Une bonne douche et nous voilà au lit, bercés paisiblement par le son du vent qui s’engouffre dans la baie, et des vaguelettes qui viennent lécher le bord de la falaise. Au petit matin, nous sommes réveillés par le bruit des chèvres sauvages qui bêlent à côté du bateau. Le soleil se lève tranquillement sur la baie des vierges et la vallée d’Hanavave encastrée au pied de remparts rocheux. La Nature est puissante, géante, enivrante. De part et d’autre des bateaux, la falaise grimpe à une petite centaine de mètres. Sur notre bâbord, 3 pitons se séparent de la muraille. Certains disent qu’ils ressemblent à des tikis (des statuettes représentant les anciens dieux vénérés, à l’époque, par les locaux). Le spectacle est effectivement magnifique. Un air du cirque de Mafate à la réunion, ou des 5 baies en Colombie. Merci à Shenasa pour nous avoir conseillé d’arriver de nuit et être ainsi émerveillés au réveil. Avant de partir à terre, nous faisons un peu de rangement, et de nettoyage. Après une semaine en mer, il y a toujours à faire… Et devinez ce que nous trouvons en train d’escalader notre canapé?… Nanard!!!!!…. Le Bernard l’Hermite… Ne nous demandez pas d’où il vient, nous ignorions totalement avoir embarqué ce clandestin aux Gambier….Nous voilà bien avancé avec Nanard… Que va-t-on pouvoir faire de lui??? Nous ne savons même pas s’il y a des Bernard l’Hermite ici!!!!!Nous partons donc à terre en quête d’une famille d’accueil !

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