De Panama aux Galapagos

Voilà 12 jours que nous sommes partis….. Certains bateaux copains qui ont déjà fait cette traversée ont eu de meilleurs vents et meilleurs courants que nous et sont arrivés en moins de 10j aux Galapagos…. Malheureusement ce n’est pas notre cas ! Et oui nous sommes partis trop tard dans la saison !!! Nous avons déjà parcouru 1263 miles. La route directe étant de 880 miles, vous imaginez les quelques détours que nous avons faits. Mais, aujourd’hui nous apercevons enfin les côtes de San Cristobal, l’île des Galapagos  la plus à l’Est… Si tout se passe bien nous devrions mettre l’ancre demain ! Oufffff… On commençait à en avoir vraiment marre !!!!

Nous quittons l’île de Contadora le 1er juillet pour descendre plus au Sud-Ouest, à Pedro Gonzalez.

 

 

 

 

Des amis bateau nous ont suggéré ce mouillage avant le grand départ…

 

 

 

 

 

En effet, on peut y refaire un bref approvisionnement en fruits et légumes frais. Nous finissons les derniers préparatifs : Préparation en avance des repas des 2 prochains jours (ce n’est jamais évident de cuisiner quand le bateau gîte un peu trop !), fixation de l’annexe sur les bossoirs, sortie des vestes de quart et des gilets de sauvetage, préparation des sacs d’évacuation d’urgence (au cas où !), etc….

Un régime de bananes, deux grosses papayes, une dizaine de mangues (directement cueillies de l’arbre) et d’avocats, huuum, nous sommes presque prêts !

 

 

 

En fin d’après-midi, nous avons la visite de Rafael, un local, qui nous amène des spécialités culinaires du coin : de l’iguane !!!!! Un peu réticents au départ nous devons faire honneur à notre invité, nous goutons….. Et surprise… Ce n’est pas mauvais…..

 

 

Nous partons sous un beau soleil, un vent modéré. La mer est calme… bref cette traversée s’annonce plutôt bien. Au large une baleine ! C’est la saison où on les croise autour des Perlas.

Nous devons regagner la pointe de Panama, Punta Mala, pour ensuite prendre un cap complètement au Sud vers l’équateur, soit près de 500 miles avant de partir complètement à l’ouest vers les Galapagos. Presque chaque jour, nous relevons consciencieusement les fichiers Grib de vent et courant afin d’établir la meilleure route à suivre. Philippe nous a d’ailleurs passé, juste avant de partir, un logiciel qui permet ce calcul. Pour l’instant, de bonnes conditions climatiques s’annoncent pour nous. Malgré une orientation de vent qui ne soit pas optimum, sa force reste plutôt stable (entre 12 et 22 nœuds) ce qui est rare lors  de cette traversée. En effet, la plupart des bateaux que nous connaissons sont partis (ou partent actuellement) avec une quantité impressionnante de carburant, pour les zones sans vent !

Et puis vient la première frayeur…. Au petit matin du deuxième jour, en démarrant le moteur, en quelques secondes une odeur de cramé…. Oh non… Finies les galères, on ne va tout de même pas rentrer à Panama pour une avarie moteur….Une inspection rapide de celui-ci, met en avant que la pompe à eau n’a pas été alimentée… La courroie tournait sans entrainer la pompe à eau, ce qui a provoqué le bruit et la fumée…. Heureusement nous avons détecté rapidement l’anomalie, donc rien n’a été sérieusement endommagé…. Laurent se jette à l’eau pour vérifier que rien n’a obstrué la prise d’eau, il ressort un bout de plastique à la main…. S’en suit le démontage méticuleux  de la pompe à eau, pour s’apercevoir que le problème vient surtout de l’impeller qui s’est rompu.  Le problème est donc définitivement résolu…. Tant mieux, nous ne repartirons pas à Panama !!!!

Au cours du deuxième jour, la pluie s’installe en milieu de journée et dure presque 24H…. Le point positif est que nous stockons près de 80L d’eau grâce à notre collecteur d’eau de pluie réalisé juste avant le départ sur le modèle de celui de Philippe et Nathalie d’Hibiscus. Le point négatif est que nous sommes obligés de nous abriter à l’intérieur du bateau !!!! Heureusement que ni Laurent ni moi ne sommes sujet au mal de mer, car à l’intérieur les désagréments sont amplifiés !

Puis, au fur et à mesure que les jours se succèdent nous perdons peu à peu le compte…. Quel jour sommes-nous aujourd’hui ?? Depuis quand sommes-nous partis ???? Quelle heure est-il ??? Nous passons dans un état second… Un peu comme une hibernation…. Nous alternons entre extérieur et intérieur, bien que les conditions de la houle se dégradant petit à petit, nous finissions par passer plus de temps à l’intérieur…. Le sentiment ressenti est mitigé : d’un côté nous vivons au ralenti, en alternant les périodes éveillées et les périodes de sommeil, mais d’un autre côté les journées et les nuits passent à grande vitesse! A peine le déjeuner digéré, que le soleil se couche et fait place à la nuit ! Pendant les premiers jours, nous ne négligeons pas  les quarts, car nous nous trouvons encore sur une route de cargo… Heureusement notre radio AIS ainsi que le « MerVeille » sont d’une précieuse aide dans notre vigilance. Rapidement nous nous écartons de cette route, nous diminuons ainsi la fréquence des « tours d’horizon »… Les nuits sont noires, plus aucune lumière même très loin….. D’ailleurs pendant les nuits, la traversée prend une tout autre forme… Les bruits s’intensifient, tout le gréement claque, la carène du bateau vibre au contact violent des vagues qui s’écrasent sur nous ! Le vent souffle entre 12 et 22 nœuds suivant les nuits, le bruit s’engouffre dans les voiles et devient assourdissant…. D’un coup, un grand « bang » d’une de ces violentes vagues… Nous sommes malmenés car nous sommes au près : la pire des allures en bateau…. Enfin, je veux dire pour une durée aussi longue… Une après-midi au près, ce serait comme une après-midi dans les montagnes russes…. Jusque-là c’est plutôt sympa… La sensation est la même quand le bateau monte brusquement sur une vague et la descend à toute allure… on a l’impression que son cœur défie les lois de la gravité ! Ceci étant au bout de 2 jours, ce n’est plus aussi folichon surtout quand on essaye de manger….. De plus le bateau est à la gîte, ce qui signifie que le bateau est fortement incliné à bâbord ou à tribord… Et imaginez-vous la scène : nous enchainons des figures acrobatiques pour essayer de maintenir notre équilibre…. Puis d’un coup, quand on s’y attend le moins, une vague s’écrase sur la carène, nous projetant ainsi brusquement sur une paroi, sur la table, bref sur ce qu’il y a pour nous retenir… Un bleu par-ci, un bleu par-là, rien de très sérieux…. En quelques jours, Laurent et moi devenons des experts en cascades en tout genre !!! Vivement qu’on en finisse avec le près….. Malheureusement la chance n’est pas au rendez-vous, quelques miles après l’île colombienne Malpelo, le vent n’a plus la direction voulue : il passe Sud – Sud-Ouest –Pile poil la direction dans laquelle nous devons aller. Nous n’avons parcouru que 370miles (soit un 1/3 du trajet direct) quand notre calvaire commence vraiment…. Impossible de reprendre un cap au sud, il nous faut donc intercaler des phases cap à l’Ouest, puis cap Sud-Est…. Bref, à la fin de ces journées, nous ne réussissons à parcourir qu’une petite soixantaine de miles (en ligne directe) au lieu des 100 souhaités ! Pendant cinq longues journées, nous enchainons ces zigzags exténuants ! Le moral en prend aussitôt un coup, nous savons maintenant que nous mettrons bien plus de temps pour attendre notre destination….

Heureusement, nous avons fait quelques belles rencontres.

Un banc de dauphins approche le bateau au coucher du soleil. Ils nous escortent pendant une bonne demi-heure en enchainant toutes sortes  de figures… On dirait qu’ils nous regardent, nous observent…. Ils nagent tantôt sur le dos tantôt sur le ventre…. Un petit groupe de 3/ 4 se relaie devant l’étrave…. On siffle, tape des mains, pousse de grands cris admiratifs lorsqu’un ou deux de la bande essaient de nous asperger en donnant des coups de queue. Nous sommes comme deux gamins fascinés par ces mammifères.

Un autre jour, toujours en fin d’après-midi,  un autre groupe de dauphins s’approchent du bateau. Cette fois-ci ils sont plus petits, et ne s’arrêtent pas pour nous amuser… Ils filent à toute allure du côté tribord au côté bâbord, se croisent, comme s’ils établissaient une tactique de chasse….. Nous sommes cernés de tous les côtés… Bizarrement ils sautent hors de l’eau, mais sans aucun intérêt pour nous. Nous nous sommes à nouveau poster sur l’étrave, mais aucun ne semble nous prêter attention. Le spectacle n’en est pas moins intéressant : c’est la première fois que nous voyons de tels chasseurs marins !

Sans oublier, ces trois ailerons noirs que nous avons aperçus ! Nous pensons avoir vu au loin des orques !!! Quel spectacle !!!! Il y a également cet énorme thon que Laurent a capturé hier et qui nous a déjà régalé de bons sashimis.

 

 

 

 

Puis il y a les kamikazes…. Oui oui vous avez bien lu…. Les kamikazes, ces poulpes et poissons volants qui viennent se suicider sur le pont du bateau… Au petit matin, il n’est pas rare de trouver au moins un poisson volant et un poulpe…. D’ailleurs nous avons même eu « super pulpo », un poulpe qui a réussi à s’écraser contre la GV. Si nous avions une épuisette à bord, nous pourrions envisager pendant les quarts de nuit de les attraper au vol !!!

Heureusement qu’il y a un peu de faune autour de nous, car question paysage, on ne peut pas dire que cela varie énormément !!!! Chaque fois qu’on met les têtes dehors, nous constatons une étendue de mer à perte l’horizon. L’immensité…La houle change de temps en temps… Quelques fois elle déroule selon de longues périodes…. Même si elle monte à 2/ 3 mètres de haut, on la ressent à peine. Par contre, lorsque la période est plus saccadée, nous sommes malmenés…  Nous réalisons ainsi comme nous sommes si petits par rapport à la nature…. Et si impuissants quant aux forces de celle-ci…. Nous découvrons la patience et apprenons à vivre avec elle…Quelques fois (heureusement jamais en même temps) nous perdons le moral…..Mais cela reste une expérience intéressante !

Nous avons passé l’équateur le dimanche 14 juillet à 7H19 am. Comme la tradition le veut, nous nous sommes déguisés pour l’occasion !!!!

 

 

 

 

 

Par contre nous avons le regret de vous annoncer le décès de notre éolienne…. Hier soir, celle-ci est tombée de « son piédestal » pour couler dans plus de 3000 mètre d’eau… Adieu très chère éolienne… Dans notre malheur, nous confirmons avoir fait une très bonne affaire en achetant nos nouveaux panneaux solaires qui devraient (espérons-le) continuer à nous garantir une autonomie en énergie….  Et si tout était écrit ???? Ceci étant, nous nous serions bien passé des dommages collatéraux…. Dans sa chute vers les abîmes de l’océan, une des pales de l’éolienne a perforé un des boudins du dinghy…. Quelle poisse !!!! Surtout que réparer en navigant, ce n’est pas évident !

Terre en vue, voici les Galapagos ! Il fait froid, l’eau a perdu plus de 5 degrés, mais vous ne pouvez pas imaginer le bonheur que nous ressentons d’arriver !

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